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Pharmaciens célèbres ou inconnus de la Société de pharmacie de Paris (1930-1954)

Nous poursuivons les biographies des membres candidats à la Société de Pharmacie de Paris ou à l’Académie de Pharmacie, entre 1930 et 1954.

Nous avons deux candidats de la Société de Pharmacie de Paris en 1930 : Georges Boinot (1882-1967) et Emmanuel, Charles, Désiré Tabart (1875-1962). La biographie de Georges Boinot, cofondateur du laboratoire Lematte et Boinot a été publiée dans la Revue d’histoire de la Pharmacie par le doyen Valette[i].

Quant à Emmanuel Tabart, il était ancien Interne des hôpitaux de Paris (1896), pharmacien de 1ère classe de la Faculté de Paris (1899). Il s’était installé d’abord comme pharmacien d’officine pendant 19 ans à Montargis (Loiret) où il était adhérent au Groupement des Grandes Pharmacies de France. En 1919, il vient à Paris pour prendre la succession d’André Guillaumin, boulevard Saint-Germain, à la fois pour l’officine et pour le « laboratoire d’analyses biologiques et bactériologiques ». Il était également membre de la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine. Il avait été président de la Société des pharmaciens agréés près la Faculté de Paris en 1925. C’est dans ce cadre qu’il avait participé à l’organisation de l’examen préparatoire professionnel des étudiants stagiaires, et qu’il avait aussi collaboré avec la Faculté pour définir le programme de l’examen de validation de stage.

Ses publications avaient été principalement des articles professionnels dans la presse pharmaceutique. Il sera élu en 1932 à la Société de Pharmacie de Paris.  

Un candidat se présente à la Société de Pharmacie sans doute en 1931. C’est Etienne Boismenu (1884-1944) qui ne sera élu qu’en 1939. Il était né le 19 juin 1884 à Champigny-sous-Uxelles (Saône et Loire). Après son baccalauréat en 1902, il était devenu Interne en Pharmacie des Asiles de la Seine (1908), pharmacien en 1909, Licencié ès-Sciences en 1910 et pharmacien supérieur en 1912. Il était Pharmacien-chef des hôpitaux de Reims en 1911.  Pendant la première Guerre Mondiale, Etienne Boismenu était devenu pharmacien aide-major de 1ère classe en 1914, puis pharmacien major en 1917. Il était chef du laboratoire de Toxicologie de la 64ème division d’Infanterie en juillet 1916, puis affecté ensuite jusqu’à la fin de la guerre au laboratoire de Moureu sur les « composés agressifs ». Ses travaux de recherche avaient porté sur les amines hypohalogénés (en 1911), et, en pharmacie chimique, sur la vérification des méthodes d’essai des glycérophosphates et de la forme granulé, d’une part et sur le dosage de la glycérine libre ou combinée, d’autre part. Pendant la guerre, Boismenu avait rédigé un certain nombre de rapports pour le ministère de l’Armement sur la fabrication, les propriétés et la conservation de différents composés lacrymogènes, caustiques, toxiques et vésicants.

Au niveau universitaire, Boismenu a été professeur suppléant de Chimie à l’École de Médecine et de Pharmacie de Reims, et Chef de des Travaux de Chimie et de Pharmacie dans la même école. Il avait aussi enseigné aux étudiants en pharmacie le Cours de Chimie minérale et de minéralogie, aux étudiants P.C.E. le Cours de Chimie, et avait réalisé des conférences de Chimie analytique pour les étudiants de pharmacie de 1ère et 2ème années.  Il quitta cependant la carrière universitaire pour se consacrer, à Paris, à la Pharmacie d’officine.

Etienne Boismenu avait reçu la médaille d’or de la Société de Pharmacie en 1912 et le prix Cahours de l’Académie des Sciences en 1918. Il est décédé à Paris, le 29 février 1941.

C’est également en 1931 que se présente Raymond Delange (1874-1948) qui sera élu cette année-là membre résident de la Société de Pharmacie de Paris. Il était né le 3 mai 1874 à Falaise (Calvados) et était pharmacien de 1ère classe (1899), licencié ès-Sciences (Chimie générale et chimie appliquée) (1901-1902), Interne des Asiles de la Seine (1896-1899), préparateur à la Faculté de pharmacie (1899-1903). Il était par ailleurs membre du Conseil de la Société Chimique de France, adjoint aux commissaires experts du gouvernement pour les contestations en Douane. Il était surtout depuis 1902 un des collaborateurs de De Laire et devint le chef des services scientifiques de la société De Laire. Cette entreprise est considérée comme pionnière de la chimie des corps odorants à Calais[ii]. Delange avait publié de nombreux travaux de chimie aux Comptes Rendus de l’Académie des Sciences, au Bulletin de la Société Chimique de France, aux congrès de chimie industrielle, seul ou en collaboration avec Moureu ou Tiffeneau.

Raymond Delange avait reçu plusieurs récompenses : lauréat de la Faculté de Pharmacie en 1904, Officier d’Académie en 1907, et Chevalier de la Légion d’honneur en 1930. Il mourut le 5 avril 1948[iii].

En 1932, se présentent Léon Velluz (1904-1981) qui sera président de la Société en 1963 ; et Raymond Charonnat (1894-1957) qui ne sera élu que deux ans plus tard, en 1934.

Léon Velluz est né à Bourg le 31 juillet 1904. Il entre à l’École militaire de Lyon et poursuit ses études de pharmacie en même temps qu’une licence ès-Sciences Physiques à la Faculté des Sciences. Il entre dans le laboratoire de Grignard et y entreprend des travaux sur les effets éthyléniques et devient docteur ès Sciences Physiques en 1928. Il obtient l’agrégation du Val-de-Grâce en 1931. Il entre alors dans le laboratoire de Charles Dufraisse au Collège de France et établit avec ce dernier en 1935 la structure tétracyclique linéaire du rubrène.

La guerre de 1939 arrête ses recherches mais peu après l’armistice de 1940, Gaston Roussel fait appel à lui pour créer un centre de recherche pour la production industrielle de stéroïdes hormonaux et de vitamines. Ce centre de recherche qu’il a dirigé pendant près de 30 ans a eu jusqu’à 1000 chercheurs organiciens, biochimistes, analystes, physiciens avec un succès reconnu dans le domaine de la chimie et de la biochimie des stéroïdes. Grâce à ces travaux, la France a eu pendant plusieurs années le monopole de la production de certaines hormones stéroïdiques. Velluz a également mis en évidence le précalciférol, un précurseur de la vitamine D2. Élu membre de la Société de Pharmacie de Paris en 1932, il fut également élu à l’Académie des Sciences (1960), puis à l’Académie de médecine (1962) ainsi que dans nombreuses autres sociétés savantes en France et à l’étranger.  Léon-Antoine Velluz est décédé à Paris le 28 mai 1981[iv]

Raymond Charonnat est né à Arcis-sur-Aube le 12 mars 1894. Après son baccalauréat à Paris, en 1912, il se décide à entreprendre des études de pharmacie. Son stage effectué à la pharmacie Frotté à Romilly, il s’inscrit en novembre 1913 à la Faculté de pharmacie de Paris et, en même temps à la Faculté des Sciences. Mobilisé le 3 septembre 1914, il est affecté à la 22ème section d’infirmiers militaires et part au front le 1er mars 1915. Brancardier puis pharmacien auxiliaire en janvier 1918 au 110ème régiment d’Infanterie, il reçoit 2 citations.

Il est démobilisé en septembre 1919. Il termine alors rapidement ses études de pharmacie et obtient la licence ès-Sciences (Chimie générale, Chimie biologique, Physique générale, minéralogie). Interne en pharmacie en 1920 (major de sa promotion), il choisit l’hôpital de la Pitié dans le service de Delépine. Ce dernier le choisit comme assistant de la Chaire d’hydrologie et lui donne le sujet de sa thèse de doctorat qu’il soutiendra en 1931. Pharmacien des hôpitaux en 1924 à Brévannes puis Ivry, il succède à Goris à la direction technique de la Pharmacie Centrale des hôpitaux. Mais, du fait de la guerre, il n’entre en fonction qu’en 1941.

A la Faculté de Pharmacie de paris, il est maître de Conférences en 1937, puis professeur titulaire en 1944. Il occupe d’abord la Chaire de Chimie analytique, puis celle de Chimie organique à partir de 1948. Les publications scientifiques de Charonnat sont très nombreuses[v]. Ses premiers travaux sont ceux de chimie des complexes puis d’hydrologie et de chimie organique. Après sa rencontre avec le professeur Chabrol à l’hôpital d’Ivry, il se dirige vers la chimie biologique et physiologique.

Membre de la Société de Pharmacie depuis 1934, il était aussi membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de l’Académie Nationale de Médecine et de la Commission permanente du Codex. Il était aussi le président et fondateur de la Société Française des Sciences et Techniques pharmaceutiques (SFSTP). Charonnat décéda accidentellement le 24 août 1957.

Louis Cuny (1899-1966) se présente en 1933 (élu en 1934) et deviendra président de la Société en 1965.  Il est né en septembre 1899 à Baccarat (Meurthe et Moselle). Enthousiasmé par les sciences, il projetait d’abord de faire des études médicales mais finalement choisi la pharmacie sur les conseils de son oncle. Il accomplira son stage chez M. Malmanche à Rueil.  Dès sa première année il fut admis au laboratoire du professeur Sommelet qui le pousse à se présenter à l’Internat. Cuny passa le premier concours organisé après la guerre en 1920 et intégra ensuite l’hôpital Saint-Louis en 1921 dans le service de Sommelet. Devenu pharmacien de 1ère classe à Paris, en 1922, il fut aussi licencié ès-Sciences (Physiologie, Chimie générale, Botanique, Paris en 1924), docteur en pharmacie (Paris, 1930). Il avait par ailleurs reçu le Prix Dubail de la Société de Pharmacie en 1931. Louis Cuny devint préparateur au Laboratoire National de contrôle des médicaments (1922-1924) et Chef de travaux au laboratoire de physiologie pathologique de l’École des Hautes-Études (Collège de France). Il devint Directeur adjoint à l’École des Hautes Études. Cuny était membre de nombreuses sociétés savantes : Société Chimique de France (1922), Société de Chimie biologique (1922), Société des Experts-Chimistes (1929), Association des docteurs en pharmacie (1930), Association des Physiologistes (1931), Société de Médecine de Paris (1934). Louis Cuny avait présenté de nombreux travaux lors de sa candidature en 1933. Il s’agissait de revues générales en biologie médicale, mais aussi de travaux originaux sur des méthodes de dosage, en particulier sur les sels biliaires.

En parallèle à ses travaux Louis Cuny était Directeur du laboratoire de biologie médicale Carrion et de l’entreprise familiale du même nom. Il participa très vite aux travaux du Syndicat des fabricants de produits biologiques et opothérapiques fondé par Gaston Roussel. Dès 1933, Cuny entra également à la Chambre des Fabricants (dont il devint Vice-président) qui est devenu par la suite le LEEM. Il y fut chargé tout spécialement de la déontologie et de la règlementation avec la mise en place du système du visa pour les spécialités pharmaceutiques. Il fut élu dès sa création comme membre du Conseil Central de l’Ordre des Pharmaciens de la section B et en devint le président. Il devint par la suite Vice-président de l’Ordre en 1958. Dans les années d’après-guerre, il participa activement au Comité Technique des Spécialités et à la Commission des Essais créée par un arrêté du 22 janvier 1946. Jacqueline Sigvard, qui fit son éloge, avait aussi noté ses talents de peintre, de dessinateur et de poète. Louis Cuny était Officier de la Légion d’honneur (1949) puis Chevalier (1964)[vi].

Il y a plusieurs autres candidats cette année-là : Eugène-Albert Cattelain (1887-1955), élu en 1935. Il était né à Hargicourt (Aisne, le 14 juillet 1887. Pharmacien de 1ère classe (1914), ancien Interne des hôpitaux de Paris (1913), licencié ès-Sciences (1943), il était aussi docteur en pharmacie (1927). Au moment de sa candidature, Eugène Cattelain était Assistant de Chimie analytique à la Faculté de Pharmacie de Paris et il le restera pendant plus de 30 ans. Nommé en 1919, par concours, pharmacien des Dispensaires de l’Assistance Publique à Paris, Cattelain abandonna rapidement ce poste pour se consacrer à ses fonctions à la Faculté de Pharmacie et à celles d’Inspecteur divisionnaire des Établissements classés du département de la Seine, où il fut atteint par la limite d’âge, le 31 juillet 1952.

Il avait reçu plusieurs distinctions : Lauréat de la Faculté de Pharmacie (Prix Lebault), Officier de l’Instruction Publique, Croix de guerre (2 citations) et Chevalier de la Légion d’honneur. Il était membre de plusieurs sociétés savantes : Société Chimique de France, Société de Chimie biologique, Société des Experts-Chimistes et Société de Chimie industrielle.  

A l’appui de sa candidature, Eugène Cattelain avait présenté plus de 40 publications, principalement de chimie analytique appliquée à la pharmacie mais aussi aux produits alimentaires et aux fraudes. Il rédigea également plusieurs chapitres du Traité de Chimie Organique de Victor Grignard. Il avait aussi réalisé des biographies comme celle du professeur Hérissey (en 1931) et celle du professeur Villiers-Moriane (en 1933). Eugène-Albert Cattelain est décédé à Paris dans la nuit du 1er au 2 février 1955.

Autre candidat en 1933 : G. Rodellon. Ce dernier étant membre correspondant de la Société de Pharmacie depuis 1921, il avait déménagé à Paris et souhaitait devenir membre résident de la Société.

André, Jean, François Choay (1891-1984) fut également candidat en 1933 et élu en 1935. Cet industriel bien connu avait envoyé un dossier assez complet avec sa candidature. Il était né à Paris le 27 novembre 1891, était pharmacien de 1ère classe (1920), ancien Interne des hôpitaux de Paris (1913), docteur en médecine (1926) et Licencié ès-Sciences naturelles (1919). Il avait reçu plusieurs récompenses au cours de sa formation : Médaille d’argent (1920) et médaille d‘or (1922) des hôpitaux, Lauréat de la Faculté de médecine. Il était par ailleurs Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec 4 citations et une blessure.

En 1933, André Choay avait déjà de nombreuses publications, principalement en opothérapie et plus encore sur le diabète et l’insuline. Il s’était préoccupé de la conservation des produits d’opothérapie. Choay avait fait plusieurs voyages d’études en Égypte, Palestine, et Syrie.

Henri, Charles, Aristide Lenoir (1885-1957), élu en 1936 avait aussi présenté sa candidature en 1933. Il était né à Créances (Manche) le 15 septembre 1885 et était pharmacien de 1ère classe (1910), ancien Interne des hôpitaux de Paris (1909), docteur en pharmacie de la Faculté de Nancy avec une thèse sur « l’historique et la législation du salpêtre : les pharmaciens et les Ateliers révolutionnaires du salpêtre ». Il appartenait à plusieurs sociétés ou associations : il avait été Secrétaire-général puis Vice-président de l’Association Amicales des Étudiants en pharmacie (1907-1909), Secrétaire des séances de l’Association des docteurs en pharmacie (1924) et Secrétaire-général de la Chambre Syndicale des Pharmaciens de la Seine (1925-1927), Secrétaire-général de l’Association Générale des Syndicats Pharmaceutiques de France et des Colonies (1928 et 1931), etc. Il était membre de plusieurs sociétés savantes dont la Société d’histoire de la pharmacie (1923), la Société des Amis des Sciences (1923), la Société de Chimie Biologique (1926) et était membre de la Commission du Codex (1928). Il était pharmacien d’officine d’abord à Flers (Orne) en 1911 puis à Saint Ouen en 1919, et avait été Inspecteur des pharmacies du département de l’Orne depuis 1919. Henri Lenoir était l’auteur de publications professionnelles et historiques dans plusieurs journaux scientifiques ou autres.

Henri Lenoir avait reçu plusieurs récompenses et distinctions : Croix de guerre en 1915 avec une citation à l’ordre du régiment, Croix du Combattant, Médaille Interalliée de la Victoire, et Chevalier de la Légion d’honneur au titre des réserves avec traitement (1931). Lenoir était effectivement pharmacien-capitaine de réserve et avait été conférencier à l’École d’Instruction des Officiers-Pharmaciens de Réserve depuis 1923. Il avait prononcé l’éloge de Parmentier et de Vauquelin, tous les deux étant d’anciens présidents de la Société de Pharmacie de Paris.

C’est également en 1933 que se présente Lucien, Désiré, Marie Debucquet (1882-1965), élu en 1938. Il était pharmacien militaire, lieutenant-Colonel puis Colonel au moment de son élection. Il est né à Dunkerque (Nord) le 15 décembre 1882 et décédé à Antony le 12 juin 1964. Il était professeur au Val de Grâce. Il avait été nommé Officier de la Légion d’honneur. Nous n’avons aucune autre information à son sujet.

André Gérard dit Gérard-Vaudin (1886-1956) est le dernier candidat à se présenter à la Société de Pharmacie de Paris en 1933. Il était né à Epernay, le 21 octobre 1886. Pharmacien de 1ère classe à Paris en 1910, docteur en pharmacie en 1917, et Interne des hôpitaux de Paris de 1909 à 1912, André Gérard était membre de plusieurs sociétés savantes : Société des Experts-Chimistes, Société de Chimie industrielle, Société de Chimie biologique, Société de Biologie clinique, Société des Pharmaciens Biologistes, membre de la Commission de la définition de l’essence de Térébenthine (de 1924 à 1932).  Il avait également présidé en 1937 la Commission chargée de fixer les spécifications de l’huile d’Abrasin d’Indochine (Huile de Chine) et de la Commission technique de l’Office Intersyndical des Peintures, Couleurs et Vernis. Il était en 1933 à la tête d’un laboratoire d’analyses médicales à Paris, la Pharmacie Centrale du boulevard de Grenelle.

Élève de Perrot, André Gérard avait publié des travaux de botanique et de sujets connexes dont voici quelques exemples, au-delà de l’essence de Térébenthine : 1) Sur la gomme de Khana madagascariensis (1911) ; 2) Bois utiles de Madagascar (1914) ; 3) Les résines artificielles (1927) ; 4) Identification et dosage de l’huile de Chine (1930) ; 5) Outillage moderne de la fabrication des peintures et vernis (1932).

Durant la guerre de 1914-1918, il avait été blessé et cité à l’Ordre du XX C. A. et avait reçu la Croix de guerre. Chevalier de la Légion d’honneur au titre de la 1ère guerre mondiale, il avait été nommé Officier à titre militaire pour la 2ème guerre mondiale en 1940.

Nous n’avons qu’un seul candidat en 1934 : Marcel, Henri Guillot (1901-1983) qui sera président en 1969. Il a sans doute été élu en 1941. Il est né à Paris le 19 février 1901, d’un père pharmacien d’officine à Paris. Marcel Guillot, après ses études secondaires à Paris (Bachelier en 1918), était devenu Interne en Pharmacie (1922), pharmacien (1923), pharmacien des hôpitaux de Paris à Brévannes puis à l’hôpital Broussais (1926-1938), docteur ès-Sciences physiques (1921), Assistant à la Faculté des Sciences de Paris à l’Institut du Radium au laboratoire Curie. Il était également Chef des travaux pratiques de Chimie analytique appliquée (Essais de médicaments et de matières alimentaires, hydrologie, analyses biologiques et toxicologiques) de 4ème année à la Faculté de Pharmacie de Paris. Il succéda à Delépine comme conseiller des laboratoires SPECIA (Rhône-Poulenc) en 1954. Il était aussi Conseiller scientifique aux Établissements Roure-Bertrand, fils et Justin Dupont à Paris

Marcel Guillot avait réalisé des travaux scientifiques dans plusieurs laboratoires : celui du professeur Delépine, de Mme Curie, et dans le laboratoire du professeur Debierne et du professeur Cotton à la faculté des Sciences, mais également dans son propre laboratoire à l’hôpital Broussais. Il avait publié deux thèses : la première portait sur « les conditions de précipitation du polonium et sur quelques dérivés complexes » (1930) et la seconde sur « les moments électriques de composés ». Ses travaux avaient ensuite porté sur la Chimie minérale (Iridium, Polonium), la Chimie physique (sur l’absorption des rayons b) et sur la radioactivité appliquée à l’étude de la structure des noyaux d’atomes), et sur la Chimie Physique appliquée à la Pharmacodynamie ainsi que sur la Chimie pathologique. Il fut d’ailleurs nommé Expert pour les radio-isotopes à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). A partir de 1950, Marcel Guillot s’intéresse à l’olfaction et au mécanisme d’action des substances odorantes. Il avait aussi travaillé sur la vision. Il montra avec les oxydes de mercure l’influence du degré de granulation sur la couleur.[vii]

Marcel Guillot était peintre. Il a publié en 1956 dans la Revue des Arts un article intitulé « Utilisation des méthodes de laboratoire dans l’étude des œuvres d’art et des objets de fouilles ». Il a été président du Centre international d’études romanes. Il avait par ailleurs publié un Manuel de stage en Pharmacie (ancien Manuel Jacob) chez Vigot Frères à Paris. Lors de son renouvellement de candidature en 1941, il était Maître de Conférence à la Faculté de Pharmacie de Paris.

Marcel Guillot avait supervisé deux thèses dans son laboratoire de Broussais : celle de J. Chalchat sur les phénomènes provoqués par la pulvérisation et celle de G. Geneslay sur les produits de corrosion du cuivre. Il avait aussi réalisé des missions d’enseignement au Vietnam (1962) et des conférences au Japon (1962). Il était membre de l’Académie Nationale de Médecine (1960), Président d’honneur de l’Ordre des Pharmaciens, Membre et Vice-président du Comité d’Organisation de la Fédération Internationale Pharmaceutique (FIP) où il reçut la médaille Host-Madsen en 1974. Membre fondateur de la Société de Technique Pharmaceutique, il en fut le président de 1958 à 1972, membre de l’Académie de Pharmacie de Barcelone et de Sao-Polo, membre d’honneur de la Société pharmaceutique d’Allemagne, d’Égypte et du Pérou, membre d’honneur de la Pharmaceutical Society et membre de l’Union médicale méditerranéenne. IL était aussi Chevalier de la Légion d’honneur, (1953) puis Officier (1964), Officier de l’Ordre de la Santé Publique (1961), Commandeur de l’Ordre des Palmes Académiques (1969). Marcel Guillot est décédé à Paris le 25 avril 1983.

En 1935, il y a de nombreux candidats pour entrer à la Société de Pharmacie de Paris : Henri Bottu (1879-1949), élu en 1937. On connait l’histoire du laboratoire mais beaucoup moins celle d’Henri Bottu qui fut à son origine. Les laboratoires Bottu furent créés en 1908 à Paris, rue Dupuytren, par H. Bottu, pharmacien-supérieur, ancien interne des hôpitaux, professeur de chimie et de toxicologie à l’Ecole de Médecine et Pharmacie de Reims, pour l’exploitation d’un seul produit, le Néol.  En 1921, M. Bottu créa un second produit, de Codoforme Bottu.

E. Kahane fut également candidat en 1935 mais nous n’avons pas retrouvé une trace de sa vie et de ses travaux.

En revanche, nous avons des informations sur Jean Régnier (1892-1946) candidate en 1935 à la Société de Pharmacie et élu en 1936. Il était né le 4 juin 1892 à Blanzy-les-Mines où son père était pharmacien. Jean Régnier était pharmacien (1918), docteur en pharmacie (1922), Licencié ès-Sciences (1919), docteur ès-Sciences naturelles et docteur en médecine (1929). Il avait été lauréat à plusieurs reprises de la Faculté de Pharmacie, de la Faculté de médecine, de l’Académie de médecine (prix Argut, 1923) et de l’Académie des Sciences (prix Martin Damourette, 1930).  Il avait été Interne des hôpitaux de Paris en 1912, puis pharmacien des hôpitaux en 1920. Il avait eu également la charge de Préparateur des Travaux pratiques de Microbiologie à la Faculté de Pharmacie (1919), d’Assistant au Cours de Microbiologie (1928), de Chef de Travaux de Chimie analytique de 2ème année (1930) et avait été agrégé à la Faculté de Pharmacie en 1930 et Maître de conférences en 1939. Enfin, il est désigné en 1941 pour occuper la Chaire de Microbiologie. Jean Régnier a orienté ses travaux dans deux voies différentes : la Bactériologie et la Pharmacodynamie. En Bactériologie, il a étudié les substances antiseptiques. Il examina avec Mlle Lambin le rythme de croissance des cultures et les questions d’antagonisme microbien. Il mit au point de nouvelles méthodes de mesures des antiseptiques. En Pharmacodynamie, Jean Régnier s’est surtout intéressé aux anesthésiques locaux et au rôle joué par leur environnement pour moduler leur activité. Avec Delange, il étudia dans ce domaine la novocaïne, la morphine et l’émétine. Il avait rédigé plus de 200 notes et mémoires, un important ouvrage publié avec Gellhorn sur La Perméabilité en physiologie et en pathologie générale et avait conduit une quarantaine de thèses de doctorat en Pharmacie (dont celle de Guillaume Valette et celle de Mlle Lambin) et de doctorat ès Sciences.

Durant la guerre de 1914-1918, Jean Régnier avait d’abord rejoint le groupe de Brancardiers du 33ème Corps (1914 à 1917) puis le laboratoire de Bactériologie de l’Ambulance automobile chirurgicale n°1[viii].

Louis Julien (1885-1970) était aussi candidat en 1933 pour entrer à la Société de Pharmacie et il sera élu en 1941. Il est né le 25 août 1885 à Lyon. Il était docteur en pharmacie (Paris, 1919) avec une thèse sur « la cytologie et la bactériologie des blennorragies aigues et chroniques ».  Il était pharmacien agréé près la Faculté de Pharmacie de Paris, ancien Interne des hôpitaux de Paris (1910-1914) et ancien chef de laboratoire des hôpitaux de Paris (1914), ancien élève de l’Institut Pasteur (1925). Il était également Pharmacien-biologiste des P.T.T. entre 1926 et 1934 et membre du Comité Médical Supérieur des P.T.T. Louis Julien était par ailleurs trésorier de l’Association des Biologistes-pharmaciens, membre de la Société de Chimie biologique, et membre de l’Association des Docteurs en pharmacie.

Lors de sa candidature, Louis Julien avait fait part de 5 publications : 1) Contribution à l’étude du Vernix Caseora (1916) ; 2) Angine de Vincent ulcéreuse sans spirilles (1918) ; 3) Essai de traitement des plaies de guerre par autovaccins sensibilisés (1919) ; 4) Cytologie et Bactériologie des Blennorragies aigües et chroniques (thèse de doctorat en pharmacie, 1919) ; 5) Sur un soluté d’adrénaline au millième, de réaction sensiblement neutre et de bonne conservation (1935). Il était Chevalier de la Légion d’honneur, Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique et Chevalier du Mérite agricole. Louis Julien est décédé le 5 septembre 1970.

 Charles, Jean Ravaud a, lui aussi, présenté sa candidature en 1935.Nous n’avons pas trace de son élection à la Société de Pharmacie. C’était le créateur des laboratoires Ravaud, 6 place de Breteuil à Paris qui commercialisait le Bismutartrol. Il s’agissait d’une solution huileuse de Campho-Carbonate de Bismuth qu’on injectait pour le traitement de la syphilis « à tous les degrés » (Vidal 1931-32). Charles Ravaud était pharmacien de 1ère classe de la Faculté de pharmacie de Paris, Licencié en Droit de la Faculté de Droit de Paris. Il était Secrétaire général de la Société des pharmaciens agréés, membre du Conseil d’administration de la Chambre syndicale des Pharmaciens de la Seine, Président de la Commission exécutive de l’Union Nationale des Pharmaciens français et professeur de pharmacie à l’Union des Femmes de France.

Il avait publié quelques articles professionnels sur le stage ou des questions pharmaceutiques dont voici quelques exemples : 1) Manuel Ravaud, pour le stage en pharmacie ; 2) Guide pour les reconnaissances aux examens de Pharmacie ; 3) Commentaires de la Législation des toxiques (1930) ; 4) Les sociétés et le Droit pharmaceutique (1932) ; 5) Opuscule sur les Sociétés à Responsabilité limitée et la Législation pharmaceutique (1934). Il avait aussi écrit sur la Pharmacie en Roumanie (1930) et un travail intitulé « Études sur l’exercice de la pharmacie : Rapport présenté à la commission de la législation pharmaceutique » (1937).

En 1936, nous avons deux nouveaux candidats : Paul Gesteau. (1901-1981) qui sera élu en 1945. Il est né le 1er septembre 1901 et débute ses études de pharmacie en 1918 et fut diplômé en 1923. Le Capitaine Gesteau était pharmacien militaire à la pharmacie d’approvisionnement de l’hôpital du Val-de-Grâce, chargé du Service Technique d’électroradiologie. Bachelier en 1918, il avait été reçu pharmacien en 1923 et son diplôme de pharmacien supérieur en 1934. Il était également docteur en Pharmacie et docteur ès-Sciences. Il avait par ailleurs rempli successivement les fonctions de Moniteur de Travaux Pratiques de Physique (1921), Assistant aux Travaux Pratiques de Chimie analytique (1926), Assistant de la Chaire de Physique (1927), Inspecteur des Établissements Classés (1927), et Attaché aux Recherches et Mesures Physiques du Laboratoire National de Contrôle des Médicaments (1933).  Il avait été lauréat de la Faculté de Pharmacie, avait reçu le 1er prix (médaille d’or) des thèses Physico-chimiques 1934, et était Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre 39-45, et Officier des Palmes Académiques.  

Lors de sa candidature, il avait listé une dizaine de publications dont voici un extrait : 1) sur la dispersion rotatoire de divers alcaloïdes (1934) ; 2) Établissement d’un système thermostatique rationnel-Applications pratiques (thèse de diplôme supérieur de Pharmacie en 1934) ; 3) L’utilisation rationnelle des Blocs Maquenne à chauffage électrique (1936) ; 4) Un appareillage thermostatique perfectionné (1936), etc. Ainsi, il avait mis au point spectrographes, spectrophotomètres, microphotomètres enregistreurs, réfractomètres, viscosimètres pourvus de dispositifs particuliers originaux, repris par les constructeurs d’appareillages. Paul Gesteau est décédé à Sèvres le 15 novembre 1981.

Autre candidat en 1936 : Floride, Justin, Nepveux (1888-1961), élu en 1940. Il est né à Maubeuge (Nord) en 1888. Reçu pharmacien de 1ère classe en février 1913 à Paris, il était ancien Interne des hôpitaux de Paris et était devenu docteur en pharmacie avec une thèse à Nancy en 1920. Il avait rempli les fonctions de Préparateur de Pathologie et Thérapeutique de 1921 à 1927, puis de Chef de laboratoire de Clinique médicale à l’hôpital de la Pitié de 1928 à 1934 et enfin de Directeur de l’Institut de Biologie à l’hôpital Cochin à partir de 1935.

Il avait joint à son dossier une longue liste de publications de 1916 à 1936, surtout en biologie médicale (diabète, glycorégulation, équilibre acide-base, fonctions hépatiques et rénales).  Il avait par ailleurs publié deux ouvrages chez Masson : 1) Acidose et alcalose, en collaboration avec M. Marcel Labbé en 1928 ; 2) Techniques de laboratoire appliquées aux maladies du tube digestifs et de la nutrition avec M et Mme M. et H. Labbé (1932).

En 1937, c’est d’abord François Prevet (1901-1974) qui se présente à la Société de Pharmacie de Paris. Sa biographie a été publiée dans notre Revue[ix]. C’est aussi en 1937 que se présente René, Etienne, Charles Souèges (1876-1967) qui est élu à la Société dont il deviendra président en 1950. René Souèges est né le 24 décembre 1876 à Lamontjoie (Lot et Garonne), de parents boulangers. En 1900, il est étudiant à l’École de Pharmacie de Paris et également à la Faculté des Sciences. En 1901 il obtient le Certificat supérieur de Botanique et celui de Minéralogie et de Chimie biologique en 1902. En 1903, il passe avec succès le concours de l’Internat des hôpitaux (médaille d’or en 1906), est reçu pharmacien en 1904 et devient Préparateur aux travaux pratiques de Micrographie. Entré au laboratoire de Léon Guignard dès 1902, il y prépare sa thèse de doctorat ès-Sciences sur l’étude du développement et de la structure du tégument séminal chez les Solanacées, thèse qu’il soutient en 1907.  En 1908, Souèges est reçu au concours de pharmacien des Asiles de la Seine, tout en étant, en 1910, Chef des travaux pratiques de micrographie. Il est également membre de la Société botanique de France dès 1908 et dont il deviendra président en 1938.

Pendant la Grande Guerre, Souèges est d’abord mobilisé à l’ambulance de Codom mais, après la bataille de la Marne, il rejoint l’hôpital de Maison-Blanche transformé en hôpital militaire.

Ses travaux scientifiques ont surtout porté sur l’embryogénèse dans plusieurs espèces végétales pour lesquels il publia plus de 200 notes et publications. Il fut accueilli à l’Académie des Sciences le 29 novembre 1943, nommé Chevalier puis Officier de la Légion d’honneur. En son honneur également, une espèce nouvelle d’Orchidée, identifiée à Madagascar, lui fut dédiée en 1970 par J. Bosser er Y. Veyret sous le nom de Cynorkis Souegesii[x].

En 1938, Jean Cheymol (1896-1988) est candidat pour devenir membre résident de la Société de Pharmacie de Paris. Il en deviendra le président en 1967.  Jean Cheymol est né à Bordeaux en 1896. Peu après la fin de ses études secondaires, la guerre de 1914-18 survient et il est envoyé au front sur sa demande dans le 1er régiment d’infanterie de ligne et c’est comme grenadier qu’il est grièvement blessé en 1916 et déclaré inapte en 1917. Il poursuit cependant la guerre et n’est démobilisé qu’en 1919. Vingt ans plus tard, il est rappelé comme pharmacien-capitaine en 1939 et finit sa carrière militaire en 1946 comme commandant.

Rendu à la vie civile en 1919, il est nommé interne en pharmacie en 1920, affecté à l’hôpital Saint-Antoine et commence ses études de médecine. En 1930, il est docteur en pharmacie, docteur ès-Sciences naturelles et docteur en médecine avec une thèse sur la composition chimique de la racine de Geum urbanum (1927). Depuis 1925, il est devenu pharmacien des hôpitaux de Paris. Il sera successivement pharmacien-chef de l’hôpital Bretonneau, de l’hôpital Tenon et enfin de l’Hôtel-Dieu. En 1930, il quitte le laboratoire de physiologie du Collège de France (avec Eugène Gley) pour devenir préparateur de chimie à la Faculté de médecine puis devient l’assistant de René Hazard dans la chaire de pharmacologie. Devenu agrégé de pharmacologie en 1946, maître de conférences en 1957, il occupe la chaire de pharmacologie et matière médicale jusqu’en 1966.

L’essentiel de ses travaux qui ont fait l’objet de plus de cinq cents communications, articles ou conférences a été consacré à la pharmacologie et à la pharmacodynamie. Il étudia ainsi les curares naturels ou de synthèse et les anticurares, les nouveaux antiépileptiques de synthèse, les substances radio protectrices, des toxines d’origine marine, des produits organophosphorés etc. Il s’était aussi intéressé en collaboration avec Henri Gley à la physiologie et l’hormonologie : l’iode dans la glande thyroïde, les mécanismes régulateurs de la calcémie, le rôle des parathyroïdes et des surrénales, la résistance de l’organisme à l’hypoxie, etc.  Par ailleurs, Jean Cheymol s’est intéressé à l’histoire de la médecine et de la pharmacie.

Il fut non seulement membre de l’Académie nationale de Pharmacie, mais aussi de l’Académie Nationale de Médecine où il entra en 1960 et dont il devint le président en 1977. Jean Cheymol était Commandeur de la Légion d’honneur, Croix de guerre 1914-1918, Officier de la Santé Publique, Médaille d’or des hôpitaux et lauréat de l’Institut (Prix Montyon de Physiologie, 1948). Il participa à de nombreuses commissions. Expert international dans plusieurs domaines à l’Organisation mondiale de la Santé, au CIOMS, au Conseil de l’Europe, il fut souvent appelé à l’étranger, réalisant pas moins de 117 voyages dans 38 pays différents[xi].

C’est aussi Gaston Courtois (1887-1939) qui se présente en 1938. Inscrit à l’École supérieure de Pharmacie de Paris Pharmacien en 1918 et Licencié ès-Sciences en 1913, Gaston Courtois entreprend des recherches sur les sels organiques d’uranyle, objet de sa thèse de doctorat soutenue en juillet 1914. (Prix Flon de l’École Supérieure de Pharmacie et prix des thèses de la Société de Pharmacie).

Pendant la Grande Guerre, il est mobilisé comme Pharmacien-major pendant un an à l’ambulance 3/55 puis affecté, en 1915, dans le laboratoire de Lebeau sur les gaz de combat, ce qui lui vaudra sa promotion dans l’Ordre de la Légion d’honneur (Chevalier). Nommé en 1918 préparateur de la Chaire de Pharmacie chimique, il avait en outre, la fonction de Chef de laboratoire. Il a participé au Traité de Pharmacie Chimique de Lebeau paru pour la première fois en 1929 et réédité en 1938.

Gaston Courtois était membre de la Société Chimique de France. Il était Officier de l’Instruction Publique, Officier de l’Ordre de Saint-Sava (Yougoslavie). Il avait reçu en 1938 le prix Montyon de l’Académie des Sciences pour avoir « pris une part active au perfectionnement des appareils de protection contre les gaz nocifs ».

Toujours en 1938, Maurice-Marie Janot (1903-1978) présente sa candidature pour devenir membre résident de la Société de Pharmacie de Paris. Sa biographie a été publiée par Guillaume Valette dans notre Revue[xii]. C’est également en 1938 que se présente René Henri Monceaux (1900-1976) dont la biographie est aussi accessible dans notre Revue[xiii]. Il était pharmacien (1922), Licencié ès-Sciences (1921), docteur en Pharmacie (1924) et docteur ès-Sciences naturelles (1924). Guillaume Valette (1902-1982) se présente sans doute aussi en 1938 mais ne sera élu qu’en 1944 comme membre résident. Ancien président de la Société d’histoire de la Pharmacie, sa biographie a également été publiée dans notre Revue[xiv]

Enfin, Henri Griffon (1904-1990) est le dernier candidat s’étant présenté en 1938 à la Société de Pharmacie de Paris. Il sera élu membre titulaire en 1945. Il est né le 26 décembre 1904 au pied du Puy-de-Dôme. Après un passage au lycée de Banville de Moulins, Henri Griffon entre à la Faculté des Sciences, de médecine et de pharmacie de Lyon, il est devenu pharmacien en 1927 à Lyon et avait aussi obtenu le diplôme supérieur de pharmacie en 1928. Il était également Licencié ès-Sciences en 1926 et avait obtenu le diplôme de Bactériologie de l’Université de Lyon en 1926 également. Interne des Hôpitaux de Lyon (1925 à 1929), il était pharmacien-chimiste du Service de Santé des Armées (Concours 1935) et professeur agrégé du Val-de-Grâce (Concours 1936) pour la Chaire de Chimie appliquée à la Toxicologie, à la Biologie et aux Expertises de l’Armée. A partir de 1941, il est devenu Directeur du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de Police. Il était par ailleurs Expert près la Cour d’Appel et les Tribunaux à partir de 1942.

Henri Griffon était membre de nombreuses sociétés savantes : Société Chimique de France (1928), Société de Chimie biologique (1928), Société des Experts chimistes de France (1931), Association des Physiologistes de langue française (1932), Société de Médecine légale de France (1942), Société de Médecine et d’Hygiène du Travail (1941). Henri Griffon a obtenu de nombreuses récompenses : Lauréat de la Société de Pharmacie de Paris (Prix Balland, 1933), Croix de guerre avec étoile de bronze… Il avait eu diverses affectations tout au long de sa carrière militaire : Pharmacie Centrale des Armées, Chef de laboratoire de Toxicologie à l’Atelier de Pyrotechnie du Service de Santé, Chimiste Toxicologue au laboratoire Z (1939-1942), etc. et rayé des cadres sur sa demande en 1942. Il enseignait dans diverses structures militaires.

Henri Griffon a publié de très nombreux travaux de chimie analytique, biochimie et toxicologie portant sur les principaux thèmes suivants :  dosage des traces d’arsenic selon la méthode de Cribier ; déterminations de l’arsenic éliminé normalement par l’urine ; dosage de traces d’arsenic par hydrogénation électrolytique, étude expérimentale du mécanisme de la technique, comparaison à l’hydrogénation chimique ; sur l’introduction du plomb dans l’organisme par quelques boissons et aliments de conserve ; sur l’arsenic introduit dans l’organisme par quelques boissons et matières alimentaires ; une technique rapide et sensible pour la recherche des dérivés barbituriques dans l’urine ; sur l’identification des empoisonnements provoqués par les dérivés barbituriques ; sur l’identification des empoisonnements provoqués par le chloralose ; recherches sur la toxicologie de l’alcool méthylique ; recherche sur l’acide cyanhydrique ; accidents mortels dus au trichloréthylène ; toxicologie de l’acétone-cyanhydrine ; recherche sur l’intoxication oxycarbonée ; contribution à l’étude du contrôle de l’ivresse ; toxicomanie ; dosage du potassium dans les liquides biologiques, etc.[xv] Il avait débuté ses travaux par la détermination du poids atomique exact du potassium puis la première méthode isotopique de dépistage de l’Arsenic qui sera utilisée dans l’affaire Marie Besnard. Il fut également consulté dans une autre affaire judiciaire célèbre : l’affaire du talc Morhange. Henri Griffon avait également découvert des médicaments et pris un certain nombre de brevets.

Henri Griffon avait obtenu de nombreuses récompenses et décorations ainsi que des lettres de félicitations pour son rôle dans le Service de Santé des Armées. Il avait reçu la Croix de guerre en juin 1940 et était Chevalier (1949) puis Officier de la Légion d’honneur (1958), Chevalier du mérite agricole (1948), Officier d’Académie (1957) et Officier de l’Ordre de la Santé Publique (1958).

Deux candidats se présentent à l’élection de membre de la Société de Pharmacie de Paris en 1939 : L. Lutz et A. Guerbet. André Guerbet, industriel dans le domaine des produits de contraste pour l’imagerie. Après avoir obtenu un double baccalauréat de philosophie et de mathématiques, André Guerbet entre à l’École Centrale d’où il sort ingénieur des Arts et Manufactures en 1922. Deux ans plus tard, il est reçu pharmacien et complète ses études par une Licence ès Sciences en 1926. Ces formations le conduisent naturellement vers l’industrie pharmaceutique, les Laboratoires André Guerbet dont il devient le directeur. Il publia de nombreux travaux dans le domaine radiologique et les produits de contraste organiques iodés. Il sera élu à la Société de Pharmacie de Paris en 1942 et participa activement à la Commission permanente de la Pharmacopée. Il était également membre suppléant du Conseil de l’Ordre des Pharmaciens (Section B) et chargé de définir le programme des cours de Technologie à l’Institut de Pharmacie Industrielle[xvi].

Quant à Louis, Charles Lutz (1871-1952), il a été élu membre titulaire en 1939. Louis-Charles Lutz est né le 18 décembre 1871 à Neuilly-sur-Seine. Après ses études secondaires à Coulommiers, Charles Lutz entreprend son stage de pharmacie à la pharmacie Vilette de la Ferté-Gaucher. Pharmacien de 1ère classe (1895), il était également licencié ès Sciences naturelles (1899), et Interne en pharmacie (1892). Il avait reçu plusieurs récompenses : médaille d’argent des hôpitaux de Paris en 1893, lauréat de l’École de Pharmacie en 1894 (prix des travaux pratiques de micrographie), prix Menier en 1894, prix Gobley en 1898. Il -occupa successivement les rôles de délégué dans les fonctions de préparateur des travaux pratiques de micrographie à l’École de Pharmacie (1899), Chef des travaux de microbiologie (1900), Chef des travaux de micrographie (1902), agrégé (1904), suppléant du cours de matières premières coloniales à l’École supérieure d’Agriculture coloniale (1903), secrétaire du Congrès international de botanique de 1900, vice-secrétaire en 1896 puis secrétaire de la Société de botanique de France en 1899. C’est seulement en 1929 qu’il recevra le titre de professeur sans chaire puis, le 1er octobre 1931, il est nommé dans la chaire de Cryptogamie et de Microbiologie en succédant au doyen Radais[xvii].

Les travaux de Charles Lutz avaient porté d’abord sur les plantes productrices de gomme, sur l’anatomie des phanérogames puis sur la nutrition azotée des végétaux, sur la flore de Corse, sur de nombreux aspects techniques de la micrographie et de la microbiologie ainsi que sur les ferments solubles des champignons (Hyménomycètes lignicoles en particulier). On lui doit un Traité de Cryptogamie publié en 1942 et 1949. Il fut par ailleurs professeur à l’Institut national d’Agronomie coloniale, membre de la Commission d’études des arbres et des bois au ministère de l’Agriculture, secrétaire général puis président de la Société Botanique (1925), président de la Société Mycologique (1919) et membre correspondant de l’Académie d’Agriculture de France.  Il était Chevalier de la Légion d’honneur, membre de l’Académie de Pharmacie, lauréat de l’Académie des Sciences et de diverses Sociétés scientifiques, titulaires de nombreuses distinctions.

En 1940, Jean-Albert Gautier (1903-1987) souhaite être élu membre de la Société de Pharmacie, ce qui sera le cas en 1944. Il deviendra président de la Société en 1971. Il était né le 16 avril 1903 à en Sciences Physiques en 1937. Au niveau universitaire, il avait d’abord été préparateur auxiliaire aux Travaux Pratiques de Chimie Alimentaire et Hydrologie en 1926, puis Préparateur auxiliaire aux Travaux Pratiques de Chimie analytique en 1928, Assistant aux mêmes. Travaux Pratiques en 1929 avant de prendre la fonction de Chef de Travaux Pratiques de Chimie analytique en 1938. Maitre de Conférences en 1944, il accéda à la Chaire de Chimie analytique en 1948 qu’il abandonna en 1957 pour celle de Chimie organique.

Ses publications de 1933 à 1938 avaient porté sur la Chimie Organique, la Chimie analytique, la Pharmacodynamie et des publications diverses comme la Contribution à l’étude des Eaux potables algériennes en 1933. En Chimie organique, il orienta ses recherches sur l’élaboration de molécules susceptibles de devenir des médicaments. Il joua aussi un rôle fondamental dans l’acidimétrie en milieu non aqueux qu’il dénomma Protométrie. Il contribua à la création de la Société de Chimie thérapeutique qu’il présida en 1967-68 ainsi qu’à celle du Journal homonyme qui deviendra le « European Journal of Medicinal Chemistry ». Il fit de nombreuses missions à l’étranger (Canada, Liban, Japon, Indochine…).

Jean-Albert Gautier était Officier de la Légion d’honneur et de l’Instruction Publique, et Chevalier de la Santé Publique. Il avait aussi été élu membre de l’Académie de Médecine en 1959.

C’est également en 1940 que Georges Schuster (1907-1997) se présente comme membre résident de la Société de Pharmacie de Paris dont il était membre correspondant depuis 1939. (il sera élu en 1943 et deviendra président de la Société en 1970). Originaire de Pithiviers, d’un père pharmacien dont il devint le stagiaire avant de venir à Paris suivre les études de Pharmacie et devenir Interne des hôpitaux de Paris en 1927. Gautier fut ensuite Pharmacien en chef des Asiles de la Seine depuis 1928, et Chef de Travaux à la faculté de Pharmacie de Paris. Il était pharmacien depuis 1926, Licencié ès-Sciences en 1927, Licencié ès-Sciences Physiques en 1934 et docteur). Après son baccalauréat en 1924, il commence ses études de pharmacie à Angers où il reçoit le prix Grimoult de Bactériologie en 1927 puis est reçu pharmacien à Paris en 1929, et pharmacien supérieur en 1932. Ancien Interne des hôpitaux de la Seine, en 1933, il est docteur en pharmacie la même année. De 1932 à 1936, il a été assistant de Chimie à la Caisse Nationale des Recherches scientifiques et moniteur aux travaux pratiques de Chimie générale (1934-36), puis, de 1933 à 1936, Chef de laboratoire de l’hôpital Saint-Denis. Il était par ailleurs secrétaire de séance de la Société des docteurs en pharmacie et collaborateur du Journal de Pharmacie et de Chimie.

Georges Schuster avait publié de nombreux travaux, seul ou avec le professeur Bougault. Selon lui, ces recherches avait pour but 1°) d’étudier la constitution chimique intime des corps gras, afin de pouvoir mettre plus facilement en évidence leur falsification et leur emploi rationnel ; 2°) de mettre au point des méthodes pratiques d’identification rapide des dérivés organiques de l’arsenic – méthode intéressant aussi bien la Thérapeutique (caractérisation d’arsénicaux utilisés dans le traitement des trypanosomiases, des spirochétoses) que le domaine de l’hygiène (identification d’oxydes et de chlorures d’arsenic, utilisés dans l’industrie) ; 3°) d’étudier quelques réactions analytiques nouvelles des aldéhydes et des cétones. Georges Schuster avait en particulier travaillé sur les matières grasses et sur les dérivés organiques de l’arsenic et de l’antimoine.

En 1941, Louis-Georges Aurousseau (1887-1979) se présente pour être membre résident de la Société de Pharmacie et a été élu en 1944. Louis Aurousseau est né le 5 avril 1887 à Clermont dans l’Oise. Il était pharmacien (1910), et avaient obtenu plusieurs certificats à la Faculté des Sciences de Paris en Chimie biologique (1908), Physiologie générale (1908) et Chimie générale (1909). Médaille d’or des hôpitaux (1913), il fut Pharmacien-chef de l’hôpital militaire Bégin pendant de nombreuses années et Maire adjoint du 9ème arrondissement de 1940 à 1944. Il était Chevalier de la Légion d’honneur (1936), Croix de guerre 1914-1918.

C’est aussi en 1941 que Jean-Emile Courtois (1907-1989) se présente pour devenir membre résident de la Société. Il sera élu en 1945 et en deviendra le président en 1972. Sa biographie a été publiée dans notre Revue[xviii].

C’est en 1942 que Paul, Gaston, Denis Bach (1887-1946) se présente à l’élection pour devenir membre de la Société de la Pharmacie. Il sera élu l’année suivante. Il était né en Lozère. Après ses trois années de stage à Alès puis à Troyes, il s’inscrivit pour la première fois à l’École supérieure de Pharmacie de Paris en novembre 1907. Reçu au concours de l’Internat, il obtint les certificats de licence de Botanique et de Physiologie, fut reçu pharmacien en 1914, puis interrompit ses études à cause de la guerre jusqu’en 1919. A la démobilisation, il fut nommé assistant du cours de Bactériologie. En 1920, il est nommé pharmacien des hôpitaux puis, en 1921, inspecteur des Établissements classés. Il est docteur ès-Sciences en 1925, agrégé de la Faculté de Pharmacie en 1928, chargé du cours de Bactériologie de 1931 à 1938, puis professeur titulaire de Botanique en 1938.

Les travaux de Denis Bach ont porté principalement sur la Physiologie végétale. Il étudia dans sa thèse la nutrition azotée de l’Aspergillus repens. Il constata la modification du pH des milieux de culture lorsque le champignon se développe aux dépens des sels ammoniacaux ou des nitrates. Il montra quelle influence ces modifications exercent sur le rendement des cultures. Il confirma l’hypothèse selon laquelle les aliments azotés sont nécessairement amenés à l’état d’ammoniaque. Il étudia également l’uréase et l’asparaginase, les déshydrogénases des bactéries et des graines, etc. Il publia également un Traité de Botanique, réimprimé plusieurs fois. Bach avait aussi mis au point de nouvelles techniques et créé des appareils originaux. Il créa par ailleurs, à l’hôpital Tenon, le premier laboratoire central de Chimie pathologique.

Bach était Officier de l’Instruction Publique, titulaire de la Croix de guerre de 1914-18, et Chevalier de la légion d’honneur. Il est décédé à Paris, le 5 janvier 1946[xix].

Jules Larrousse (1908-2006) fut candidat à la Société de Pharmacie de Paris en 1943, puis en 1944, 1945 et 1946. C’est lors de cette dernière année qu’il sera élu comme membre résident, le 9 octobre 1946. Il aura de nombreuses responsabilités au sein de la Société devenue Académie de Pharmacie : Secrétaire annuel (1948) et président en 1975, en particulier. 

Né à Paris, le 23 août 1908, Jules Jarrousse fit ses études secondaires au lycée Voltaire à Paris, qu’il termina par la classe de mathématiques élémentaires. Une fois ses études de pharmacie achevées en 1931, après un stage chez son père, il compléta ses connaissances par l’internat en 1929 mais aussi par des certificats de mathématiques générales, de physique générale et de chimie générale. Il devient docteur en Sciences Physiques en 1937. Jules Jarrousse va faire une carrière au sein de l’industrie pharmaceutique, d’abord chez Roussel où il mit au point la fabrication de la vitamine D2, puis aux laboratoires Bailly dont il pris en main l’équipe de recherche[1].

En 1944, un pharmacien parisien est candidat à une place de membre résident de l’Académie de Pharmacie, c’est Raymond Joffard (1904-2000) qu’on va revoir à propos de Frédéric Lagarce. En effet, Raymond Joffard était pharmacien d’officine, 18 place d’Italie à Paris. Il avait repris les spécialités créées par Lagarce. Il était par ailleurs l’un des fournisseurs de l’Union nationale des Combattants en 1936-37[2].

Raymond Joffard est né le 23 janvier 1904 à Lachapelle s/Aveyron dans le Loiret. Après son Baccalauréat, il obtient son diplôme de pharmacien à Paris en 1928 et est docteur en pharmacie de la Faculté de Strasbourg en 1936 avec une thèse : « l’étude d’un Aspergillus nouveau : Aspergillus Gingivalis ». Toujours en 1928, il est licencié en Droit. En 1935 il obtient deux diplômes de la Faculté de Paris : Celui d’Études supérieures d’Économie Politique et celui d’Études Supérieures de Droit Administratif .  Pharmacien d’officine, il devient maître de stage et président de la Chambre départementale des pharmaciens de la Seine lors de sa création en 1941 (président de 1942 à 1944). Il était également membre du Conseil régional des pharmaciens de la région parisienne à partir de 1941, et membre du Conseil d’administration du Comptoir national de la Pharmacie française dont le siège était à Paris, rue Antoine Bourdelle. Enfin, depuis 1936, il était le Secrétaire général de l’Association professionnelle de la Phytopharmacie et, en 1942, membre de la Commission de Phytopharmacie créée auprès du Conseil supérieur de la Pharmacie.

Pendant la seconde guerre mondiale, Raymond Joffard est mobilisé comme Pharmacien Lieutenant en 1939-40, puis mis en congé pour « affection contractée au cours du service ». Il reçoit la Croix de guerre en 1940. La plupart de ses publications sont antérieures à 1945. Il publie en 1938 sur le statut juridique et professionnel de la Pharmacie, puis, la même année, sur « quelques remèdes à la situation actuelle de la pharmacie ». En 1942, Raymond Joffard publie sur « Le statut actuel de la pharmacie ». En 1944, il présente à l’Académie de pharmacie un travail sur « La Phytopharmacie et l’emploi des substances vénéneuses en agriculture ». Élu à l’Académie de pharmacie en 1946, il en sera le secrétaire annuel en 1952. Il était membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, et président d’honneur du Conseil Central A de l’Ordre. Il était Commandeur de la Légion d’honneur, Croix de guerre 39-45 et Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique. 

Un autre candidat se manifeste à la sortie de la deuxième guerre mondiale, Maurice Lachaux (17/7/1909-20/3/1986), en février 1946. Né en 1909 à Champlitte (Haute-Loire), Maurice Lachaux passe son baccalauréat ès-Sciences au Lycée de Dijon en 1927/28, puis fait son stage dans l’officine de M. Fournier, pharmacien de la ville. Il s’inscrit à la Faculté de pharmacie de Paris en 1928 et est diplômé pharmacien en 1932.

Interne des Hôpitaux de Paris en 1931 (médaille d’or en 1936), il va d’abord à l’hôpital Laënnec sous la direction du Pharmacien-chef Paul Couroux, puis, après avoir fait son service militaire à l’hôpital de Belfort, il vient à l’hôpital d’Ivry, dans le service de Raymond Charonnat.  Il obtient plusieurs licences ès-Sciences naturelles : Botanique générale (1933), Chimie biologique (1935) et Physiologie générale (1935). En parallèle, il est moniteur des Travaux pratiques à la Faculté de pharmacie. Il est reçu Docteur en pharmacie le 6 avril 1938. Il est deux fois lauréat de la Société de Pharmacie de Paris, Prix Vigier en 1938 et Prix de thèse, médaille d’or en 1941. C’est en 1938 qu’il devient pharmacien des Hôpitaux de Paris.

Après la deuxième guerre mondiale, Lachaux revient à Brévannes puis Ivry et s’inscrit pour une seconde thèse dans le laboratoire de Roger Gautheret. Embauché par Albert Buisson chez SPECIA fin 1943, sous la direction de François Barral, son président. Lachaux dut rapidement choisir entre sa carrière hospitalière et l’industrie. A la libération, il fut chargé de mener à bien la construction d’une nouvelle usine. Avec d’autres et le soutien de Pierre Poulenc, il créa la Société de Technique Pharmaceutique devenue par la suite la SFSTP (Société Française des Sciences et Techniques Pharmaceutiques).

C’est en 1949 que Maurice Lachaux fut élu membre résident de l’Académie de Pharmacie, poussé par Albert Buisson et M. Launoy. Il en deviendra le président en 1979. Il était par ailleurs Chevalier de la Légion d’honneur.

Dans les années 1950, les candidats ont été assez nombreux. Frédéric Lagarce (1903-1969), évoqué précédemment, est l’un d’entre eux, élu en 1951. Il était interne des hôpitaux de Paris en 1925 dès sa première année d’études supérieures et obtint son diplôme de pharmacien le 7 juillet 1927. Après son service militaire en 1928 comme Chef de laboratoire de Chimie du 7ème Corps d’armée à Belfort, il passe une thèse sur la toxicologie des dérivés barbituriques et est reçu docteur en pharmacie en 1930. Il est d’abord Chef du laboratoire d’analyse de la clinique médicale de Paris, rue Piccini à Paris la même année puis s’installe comme pharmacien d’officine en octobre 1931, 13 place de la Nation à Paris. Frédéric Lagarce met au point et commercialise deux spécialités : le Chlorofluol et l’Ophtal. Il crée le Laboratoire de l’Ophtal, ce dernier produit à base de novocaïne et de désinfectants étant destiné au traitement des conjonctivites infectieuses ou traumatiques et plus généralement à la prophylaxie des affections oculaires. Le laboratoire de l’Ophtal sera repris par la suite par le pharmacien R. Joffard, 18 place d’Italie à Paris. La deuxième guerre mondiale va tout d’abord le mobiliser comme Pharmacien Lieutenant du train sanitaire 565 à Saint-Dizier en Haute-Marne (il deviendra Pharmacien Capitaine en juillet 1949).

Durant la guerre, en 1943-44, il est membre de la Commission de la Phytopharmacie du Conseil Supérieur. Il sera d’ailleurs diplômé de Phytothérapie à la Faculté de Pharmacie de Paris en 1945. Après la Libération, il est membre suppléant du Conseil Régional de l’Ordre des pharmaciens de 1947 à 1950. Ses travaux scientifiques ont été très divers. En 1927, il avait travaillé avec Tiffeneau et Orskhof sur la constitution du Naphtalène mais ce travail ne sera pas publié. Il fit une note en 1944 sur le projet d’organisation de la fabrication et la vente des substances toxiques employées en agriculture. Enfin, sa communication à l’Académie de Pharmacie en 1948 portait sur les Hormones végétales et leur importance en Phytopharmacie. Il est candidat à l’Académie de Pharmacie en 1947, puis en 1949, 1950 et janvier 1951 et sera finalement admis comme membre titulaire cette année-là. Il en sera le secrétaire annuel en 1962.

Un autre pharmacien candidat au titre de membre résident de l’Académie dans les années 1950 est le Pharmacien Général (C.R) Maurice Kerny (1896-1988). Il pose sa candidature en 1953 puis renouvelle sa demande en 1954 et 1955 et est finalement élu le 7 décembre 1955. Né à Lorient le 9 janvier 1896, il entreprend ses études de pharmacie à Lille il reçoit son diplôme de pharmacien en 1919 à Montpellier qu’il complète par deux certificats d’Études Supérieures de Mathématiques (1918) et de Chimie Générale (1918). Il se marie en 1920 et devient, en 1930, pharmacien-chimiste des Hôpitaux militaires[3]. Il va alors occuper, avant son élection à l’Académie, plusieurs fonctions au sein du Service de Santé des armées : chef du laboratoire de chimie de la section technique du Service de Santé (1931-38) ; chef de la Section Pharmacie à la Direction du Service de Santé au ministère de la Guerre (1938-40 puis 1944-46) ; Inspecteur des Services Pharmaceutiques de l’Armée de Terre (1946-49) ; Inspecteur Technique adjoint des Services Pharmaceutiques et Chimiques des Armées (1949-52).

Entre 1940 et 1942, il est détaché au Ministère du Ravitaillement comme Directeur du laboratoire du Ravitaillement de la Région parisienne, puis, entre 1942 et 1944, comme Chef de service des Laboratoires du Bureau Central des Recherches. Après la guerre, depuis 1945, il sera membre de la Commission permanente du Codex. Il fut également chargé, après sa retraite, des questions techniques au sein de l’Ordre National des Pharmaciens à partir de 1952. Nous avons peu d’information sur les suites de sa carrière sinon qu’il était devenu Inspecteur des Services pharmaceutiques et chimiques de l’Armée de terre et Pharmacien général en 1956. Il avait à son actif de nombreuses publications en chimie analytique, chimie biologique, hydrologie, hygiène, pharmacologie et organisation du Service de Santé. Il avait en particulier, avec Leprestre, présenté au Congrès international de médecine et de pharmacie militaires de juin 1951 un rapport sur la « Conception actuelle du pharmacien militaire en temps de guerre ».

Il était membre de plusieurs sociétés savantes dont la Société d’histoire de la pharmacie. Il avait aussi reçu plusieurs décorations : Officier de la Légion d’honneur (1947), Médaille commémorative de Syrie-Cilicie, avec agrafe en vermeil : Levant 1925-1926, Officier d’Académie (1937), Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique (1945), Médaille d’honneur en vermeil au Service de Santé militaire (1952). Il est décédé à Pontoise en 1988.

Toujours dans les années 1950, Louis Irissou (1876-1956) présente sa candidature à l’Académie et est élu en décembre 1950. Il est bien connu des historiens de la pharmacie et notre Revue a donné un aperçu de sa production d’historien. Au moment de sa lettre de candidature, il était secrétaire général de la SHP depuis 1945[4].

Louis Irissou est né à Cordes le 11 avril 1876. Il fit ses études de pharmacie à la Faculté de Toulouse, qui le reçut pharmacien en 1901 et docteur en pharmacie en 1904. Dès 1902, il retourne à Cordes pour y tenir une officine. Il y est élu maire de la ville de 1904 à 1912. Mobilisé comme aide-major de 1ère classe en 1914, il reçut la légion d’honneur au titre militaire. Il fut dès lors pharmacien en chef des hôpitaux de Montpellier. Il a exercé ces fonctions depuis 1920 jusqu’à l’âge de la retraite survenu en 1945.

Un autre candidat des années 1950 : Lucien Leprestre (1896-1978). Ce dernier pose sa candidature pour la première fois le 21 février 1947 et la renouvelle tous les ans jusqu’en 1953 où il est élu comme membre résident. Il deviendra secrétaire annuel de cet Académie en 1966.

Né le 4 juillet 1896 à Paris, Lucien Leprestre devient pharmacien de 1ère classe à Paris le 6 avril 1922, puis docteur en pharmacie le 7 juillet 1927 avec une thèse sur le Quebracho Blanco[5]. Il obtient par la suite un certificat de Microbiologie (1937) puis d’Optique (1939). Il était à la fois pharmacien d’Officine (et maître de stage) et pharmacien fabricant avec au moins deux spécialités : Les Pilules de Vichy et la Magnésie Bismurée. Il avait également un laboratoire d’analyses agréé par le ministère de la Santé Publique. Enfin, il était Vice-Président du Conseil d’Administration de la Société PHYSA. Cette société avait été envisagée dès 1939 par les membres de l’Association professionnelle de la phytopharmacie dont était membre Lucien Leprestre (et présidée par Émile Perrot). Une assemblée générale de l’association, le 11 décembre 1942, avait rappelé que tout était prêt en 1939 pour la constitution de Physa qui « devait fournir aux pharmaciens un choix de produits recommandés, spéciaux, pour les usages de la phyto pharmacie ». Les premières fabrications envisagées étaient « le tabac, le pyrèthre et le soufre, ainsi que divers appareils (soufflets, pulvérisateurs) nécessaires pour les applications d’insecticides et de fongicides agricoles). Mais le processus de création de la société avait été bloqué depuis cette date en raison de la guerre et de la séparation de la France en deux zones. Lucien Leprestre se disant administrateur de la société en 1947, on peut supposer que la société fut créée après la deuxième guerre mondiale.

Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire en 1947, et Commandant de réserve, Lucien Leprestre avait reçu la Croix du Combattant et la Croix du Combattant volontaire. Il va rester très actif comme pharmacien de réserve et devint le président de la Fédération Françaises des Amicales de Pharmaciens de réserve. Il fut également le délégué officiel au 11ème congrès international de médecine et de pharmacie militaire (1947), rapporteur pour le 12ème congrès de la même organisation (1951) et était trésorier du Comité National « aux Morts de la Pharmacie Française ».  Lucien Leprestre Commandeur du Mérite militaire (1958), Officier de l’Ordre de l’Etoile noire (1958), Officier d’Académie (1952), Chevalier de l’Ordre du Mérite Civil (1963), Officier de la Santé Publique (1961). Il avait obtenu la médaille du Service de Santé des Armées (vermeil, 1963), la médaille d’honneur du Service de Santé militaire (argent, 1963), la médaille deu Service de Santé de la Marine (Argent, 1957) et la médaille d’honneur du Serice de Santé de l’Air (Argent, 1958).

Il était par ailleurs le membre fondateur, et successivement trésorier, secrétaire général et Vice-président du Syndicat national d’Optique médicale et scientifique. En 1947, il fit deux communications : une première à l’Académie de Pharmacie : « Contribution à l’Étude des propriétés antibiotiques de la streptomycine » (2 avril 1947) ; et une seconde, le 6 juillet 1947 sur la Streptomycine, résultats thérapeutiques, posologie »[6], pour les pharmaciens de réserve. Lucien Leprestre était aussi membre de très nombreuses sociétés savantes.

Autre personnalité à poser sa candidature en 1950, c’est Raoul Mestre (1903-1993) qui sera élu en 1952. Il est né le 11 mai 1903 à Toulouse, où son père, Achille Mestre, était professeur de Droit. Après ses études secondaires, Raoul Mestre entreprend des études médicales à Paris qu’il abandonne pendant un an pour raison de santé. Auparavant, il avait été reçu à l’externat. Il s’oriente alors vers la pharmacie, fait son stage chez sa femme qui était pharmacien et est diplômé en 1933. Il s’installe alors comme pharmacien d’officine à Paris, avenue de Saint-Ouen (1933-1937) puis à Saint-Germain-en-Laye, rue de Pologne (1937-1942). Il termine parallèlement sa médecine en 1937 avec comme sujet de thèse : Vers un Ordre des médecins » et soutient, en 1940, une thèse de docteur en pharmacie sur ce sujet : « L’Ordre des Pharmaciens ». Il avait en effet été frappé par la « dérive commerciale » de l’officine pharmaceutique et militait dès lors pour la création d’un Ordre des pharmaciens, « instrument de défense des intérêts des malades ».

En 1942, Mestre décide d’entrer dans l’administration ayant été reçu au concours de l’Inspection en pharmacie. Avec le soutien actif du Dr Aujaleu et de Paul Métadier, il poursuivit son idée d’Ordre des pharmaciens qui verra le jour le 5 mai 1945. Il y siègera dans différentes sections comme représentant du Ministère ou de l’Académie de Pharmacie, de 1969 à 1989. Au ministère de la Santé, entre 1942 et 1964, Mestre va réaliser de nombreuses missions d’inspection en province. C’est au cours de l’un d’elle, en 1949, qu’il eut un grave accident de voiture qui le rendit aveugle. Il put cependant poursuivre son travail et former les futurs inspecteurs de pharmacie. Il termina sa carrière comme inspecteur Général de la Santé et, après sa retraite, en 1965, il devint conseiller de nombreux laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques. Il fut l’auteur de nombreuses publications d’ordre juridique dans divers journaux et revues. Sa première communication à l’Académie nationale de Pharmacie en 1950 avait pour thème « les ventes à condition et la pharmacie d’officine ». Il publia également sur les cocktails de spécialités, sur la règlementation de l’expérimentation humaine.

Il était Officier puis Commandeur de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre national du Mérite, Commandeur de la Santé Publique et Chevalier du Mérite agricole. Raoul Mestre décéda le 20 août 1993 en Vendée.

Un autre pharmacien, atypique, s’est présenté à la candidature de membre de l’Académie de Pharmacie. Il s’agit de René, Alfred Leboime (1885-1956) dont la lettre de candidature date du 13 mai 1953. Sa candidature n’a pas abouti. Son parcours professionnel semble assez classique au début. Bachelier en 1905, internes des hôpitaux de Paris en 1909, il est nommé chef de laboratoire de Chimie biologique au sein du service du professeur Fernand Widal en 1910, puis reçoit son diplôme de pharmacien en 1911.  Il s’installe comme pharmacien d’officine à Paris, 3 rue Fernand Widal, et crée en parallèle le Laboratoire Leboime. Ce dernier commercialise deux spécialités associées : la Prézymase (Peptone de poisson et de viande, extrait sec de quinquina) pour des cures de désensibilisation (allergies se manifestant par urticaire, arthropathie d’origine anaphylactique, etc.). Le seconde produit, la Calcozymase est une association de ferments digestifs pour « réaliser une digestion de l’action de la Prézymase » précise le dictionnaire Vidal qui présente encore le produit en 1938. Par ailleurs, il crée les « Vaccins lysés du Docteur Duchon », déposés sous le nom de Vaclydun et Rhino-Vaclydun en 1927-28 (Dans le Vidal de ces années-là, le laboratoire est situé 10 rue Franklin à Paris). Par la suite le Vaclydun sera commercialisé par les laboratoires Corbière.  

Au moment de la première guerre mondiale, il est mobilisé comme Pharmacien Capitaine, puis comme Chef de laboratoire de bactériologie du Quartier général Pershing à Chaumont (installé en 1917 par les troupes américaines). Il reste sur le front pendant quatre ans et trois mois. 

On peut penser, à la lecture de son parcours professionnel, que René Leboime prend se retraite dans les années 1930. En effet, à partir de 1932, il se lance dans des recherches industrielles sur l’incombustibilité du caoutchouc et différents autres produits qui donneront lieu à 4 brevets d’invention déposés entre 1932 et 1938, brevets qui seront « mis au secret par le Ministère de la Défense Nationale (Air et Marine) pendant toute la durée de la guerre » :

  • Recherches sur l’action des Phosphates ammoniaco-magnésiens et leur application aux mélanges à base de caoutchouc (brevet 765.134, 1933).
  • Procédé d’ignifugation des bois contreplaqués armés (brevet 848.933, 1938).
  • Homologation des tuyauteries destinées à l’Aviation par les Services du ministère de l’Air (1938)
  • Procédés permettant de rendre incombustibles les toiles, tissus fibres et analogues, produits en résultant et leur application à la fabrication des toiles caoutchoutées et notamment des toiles de ballons (brevet 123.611, 1938).

R. Leboime travaille également sur les réservoirs à essence pour les ailes d’avions. Ses brevets seront obtenus aussi à l’étranger : Belgique, Canada, Etats-Unis, Angleterre, Espagne, Italie et Japon.

René Leboime est mobilisé en 1939 à Bar-le-Duc puis rappelé par le ministère de l’Air avec lequel il semblait bien coopérer avant la guerre.

Après la guerre, René Leboime devient « travailleur libre » au Muséum National d’histoire naturelle (1942) puis « attaché au Museum National d’histoire naturelle » (1948). Il a participé à l’organisation de plusieurs expositions et congrès : Exposition de microscopie au Muséum (1949), Congrès international de Microscopie Électronique, Paris (1949), Journées Internationales de l’Analyse et des Essais, Paris (1950). Il publie des articles scientifiques sur des domaines variés : Diatomées, bactéries, plancton, recherches en microscopie. Il était en effet membres de nombreuses sociétés savantes dont la Société Botanique de France, de la Société de pathologie comparée, mais aussi de l’Association Française des Ingénieurs du Caoutchouc, créée en juillet 1931, et de la Société Française de Microscopie Théorique et Appliquée (Président honoraire).

Candidat à l’Académie nationale de Pharmacie en 1948, puis 1949 (et élu en 1950 et secrétaire de séance en 1966), André Morette (1905-1980) a eu droit à une biographie faite par le Professeur Dillemann[7] que nous avons complété grâce à son dossier de candidature à l’Académie : André Morette était pharmacien hydrologue. Né à Orléans le 29 novembre 1905, et après des études secondaires au lycée de sa ville natale et l’obtention des baccalauréats de mathématiques et de philosophie en 1923, André Morette effectue son stage en 1923-24 à l’officine de Jean Cribier à Orléans. il s’inscrit alors à la Faculté de pharmacie de Paris et obtient le diplôme de pharmacien en 1928. Il a entrepris par ailleurs des études à la Sorbonne qui le conduisent à la licence ès-sciences physiques en 1929 avec les certificats d’études supérieures de mathématiques générales, physique générale et chimie générale. Dès le 5 novembre 1928, il obtient d’entrer au laboratoire du professeur Lebeau[8] qui l’associe d’abord à ses travaux sur les charbons. Il se consacre ensuite à la chimie minérale et entreprend un travail sur la chimie du Vanadium qu’il présente comme thèse de doctorat ès-sciences physique en 1937.


Sa carrière universitaire commence par un poste de moniteur aux travaux pratiques de physiques en 1930, puis il bénéficie, en 1933, d’une bourse de recherches de la caisse nationale des sciences. De 1935 à 1943, André Morette est professeur de Chimie appliquée aux Matériaux de Construction à l’École spéciale d’Architecture. En 1938, il est nommé assistant aux travaux pratiques de chimie analytique, en 1943 chargé de recherches au C.N.R.S. jusqu’en 1947. Inscrit le 29 mars 1938 sur la liste d’aptitude aux fonctions de maître de conférence des Facultés de Pharmacie, il est nommé maître de conférence à la Faculté de Paris le 1er octobre 1947. Il y enseigne les mathématiques préparatoires aux sciences physiques, puis la minéralogie. Lorsqu’il est candidat à l’Académie, il indique effectivement qu’il est Maître de Conférences à la Faculté de Pharmacie de Paris et Pharmacien Inspecteur Divisionnaire au ministère de la Santé Publique (depuis 1945). A partir de 1945, il est membre e la Commission de la chimie des Hautes températures du C.N.R.S. Il est nommé professeur sans chaire le 1er janvier 1953, professeur à titre personnel le 1er janvier 1956 et enfin professeur dans la Chaire d’hydrologie de la Faculté de Pharmacie de Paris le 1er mars 1958.

Après une étude lithologique sur les peranthracites, le professeur Morette a consacré ses recherches aux carbures de Vanadium et à l’obtention du Vanadium métal à un degré élevé de pureté et celles-ci ont fait l’objet de sa thèse de doctorat. Puis il a principalement étudié les iodures et arséniures de Vanadium et quelques problèmes de la chimie analytique de cet élément, les tellurures de molybdène et de tungstène et s’est intéressé aux systèmes formés par l’anhydride vanadique avec l’anhydride molybdique et l’oxyde cuivrique et à divers autres sujets de chimie minérale ainsi qu’à l’action oxydante du Vanadium pentavalent en milieux aqueux.


D’autre part, en hydrologie, son activité a porté sur le dosage des nitrates et du sélénium dans les eaux, sur l’analyse des gaz des sources thermo-minérales haïtiennes, sur l’analyse des eaux de la Roche-Posay, sur la chromatographie des eaux minérales, sur la variation de la composition d’une eau minéralisée au cours de son passage dans une terre. Accessoirement à ses tâches d’enseignant et de chercheur, le professeur Morette a accompli plusieurs missions de conférences en Grande Bretagne, en Grèce, en Roumanie et en Yougoslavie. En 1950, il avait été désigné pour effectuer un voyage d’études relatif aux problèmes des eaux potables aux États-Unis.


En 1969, il a fondé, avec l’aide de quelques collègues, l’Association pharmaceutique française pour l’hydrologie dont il est le président et qui édite un Bulletin jusqu’en 1993. Il publie dans le premier numéro de 1970 un article intitulé : « Place des pharmaciens dans la politique technique et scientifique de l’eau ». Il était membre de la Société d’histoire de la pharmacie et avait écrit un article sur la vie et l’œuvre de Paul Lebeau en 1978.

Parmi les autres candidats des années 1950, nous avons retrouvé la lettre de candidature du 8 avril 1950 de Pierre-Henri Morand , Pharmacien-Chimiste. Il était soutenu par le pharmacien-général Saint Sernin et par le professeur Courtois. Mais cette candidature n’a pas abouti. Né le 27 mai 1907 à Rions (Gironde), il avait obtenu son baccalauréat en 1925/26 puis son diplôme de pharmaciens à l’Université de Bordeaux. Il était licencié ès-Sciences et préparateur au laboratoire de Chimie-Biologiques du professeur Chelle entre 1928 et 1930. Il entre dans l’armée en 1931 (service de Santé de la Marine) et devient Pharmacien-chimiste de 2ème classe (1932) puis de 1ère classe (1939) et Pharmacien-chimiste principal le 1er décembre 1948. Avant la deuxième guerre mondiale, il occupe différents postes à Lorient et Indret. De 1936 à 1942, il est chargé du nouveau Service Pharmaceutique et de Chimie Biologique de l’Hôpital militaire maritime de Lorient créé en 1932. Après un stage de 6 mois à l’Institut Pasteur en 1943, il est affecté en 1944-45 au Laboratoire de Chimie Biologique de la IIIème région Militaire maritime (Toulon), puis attaché au service Hygiène Bactériologie de cette même région militaire en 1945-50, chargé du laboratoire de Sérologie. Il créé avec Laborit durant cette période un organisme de recherches « Biophysiologiques appliquées à la Bactériologie et à la Clinique ».

Dans les années 1946-1948, Morand a apporté une notable contribution aux découvertes du Médecin et Chirurgien de la Marine Henri Laborit avec lequel il a publié à plusieurs reprises. Il a initié Laborit à la Biochimie cellulaire, alors en plein développement. C’est à la suite de discussions avec lui que fut étudiée l’activité de la cholinestérase sérique dans la phase post-opératoire des interventions chirurgicales. Le suivi de l’évolution de cette activité enzymatique a conduit Laborit au concept de « réaction oscillante post-agressive » (R.O.P.A)*, et à la thérapeutique du choc post-opératoire, par l’inhibition de cette réaction à l’aide des fameux « cocktails lytiques ». Ces derniers sont à l’origine de la « neuroleptanalgésie », qui constitue la base de l’anesthésie chirurgicale moderne ; Laborit et Morand ont conduit également à la découverte, en 1952, des propriétés psychotropes de la chlorpromazine. En 1959, ils publient ensemble « Les destins de la vie et de l’homme (réflexions sur des thèmes biologiques) ». 

Pierre Morand a été à l’origine de nombreuses publications dans le domaine de la biochimie et la biologie médicale. Il a reçu plusieurs prix et récompenses comme le Prix de Médecine navale en 1947 et la Récompense de la Section Scientifique du Secrétariat d’État de la Marine en 1948.

Un autre pharmacien de la Marine a présenté sa candidature à l’Académie de Pharmacie dans les années 1950, le Pharmacien-chimiste général Jean-Baptiste Marcelli (1895-1973). Son dossier date du 8 mars 1952, renouvelé le 1er mai 1957. Il sera élu cette année-là comme membre résident. Il était alors Inspecteur Technique des Services Pharmaceutiques et Chimiques des Armées. Il est né le 3 mai 1895 en Corse, à Ajaccio et fait ses études de pharmacie à l’Ecole annexe de Médecine et de Pharmacie Navales à Bordeaux en 1913 où il obtient le diplôme de pharmacien en 1920. Entre temps, la guerre est survenue et Marcelli s’engage le 12 octobre 1914 en qualité d’apprenti marin au 5ème Dépôt des Équipages de la Flotte. Promu matelot infirmier le 15 janvier 1915, il sert, soit à terre, soit à la mer, à bord du Kleber et du Campinas jusqu’à sa nomination, le 12 août 1916, au grade de Pharmacien auxiliaire. Il est affecté à l’hôpital maritime de Rochefort du 16 novembre 1918 au 7 mars 1919. Il est alors promu Pharmacien de 3ème classe auxiliaire (Officier) et reprend ses études à Bordeaux. Diplômé pharmacien, il part à l’hôpital Saint-Anne de Toulon jusqu’au 1er mai 1922. Il est désigné « en corvée » pour Cherbourg jusqu’au 1er août 1924, puis revient à Toulon. Il est très rapidement Professeur de Chimie aux Écoles de Médecine et de Pharmacie Navales de 1924 à 1929, puis Chef de laboratoire de Chimie et Chef des Services pharmaceutiques et Chimiques de la Marine avant d’être inspecteur. Il avait aussi été désigné, en mars 1930, pour Saïgon où, seul pharmacien de la Marine, il cumule les fonctions de Chef de la Pharmacie Centrale et des Laboratoires de biologie et de chimie analytique. Il créa à Saïgon un laboratoire de métallographie très utile à la marine. Il fit aussi plusieurs missions d’analyses aux Charbonnages de Hongaï pour le compte du Service des Approvisionnements de la Flotte.

Une grave crise de paludisme l’oblige à rentrer à Toulon en 1932. En 1937, il est désigné comme adjoint au Chef du laboratoire Central de Chimie analytique à Paris puis à Brest au début de la guerre 39-45. En 1940, il rejoint Toulon comme Chef de Laboratoire de Chimie analytique puis, en novembre 1941 comme Chef des Services Pharmaceutiques et Chimiques de la 3ème Région Maritime. Promu Pharmacien-chimiste en Chef de 1ère classe le 15 février 1942, il continue ses services dans ce grade et en cette qualité jusqu’au 1er avril 1945. Il est rappelé à la Direction Générale du Service de Santé de la Marine à cette date et est promu Pharmacien-Chimiste Général le 3 mai 1945 avec le titre et les fonctions de Sous-Directeur, Chef des Services Pharmaceutiques et Chimiques. Il est promu le 1er novembre 1946 Commandeur de la Légion d’honneur. Seul de son grade, il est tout naturellement désigné le 1er août 1949 en qualité d’Inspecteur Technique des Services Pharmaceutiques et Chimiques des Armées et continue à faire partie du Conseil Supérieur de Santé de la Marine.

 A l’époque de sa candidature il mentionne 4 publications :

  • Étude de l’atmosphère des soutes à combustibles liquides (1924)
  • L’inflammation spontanée dans les divers domaines industriels et militaires (1950)
  • Études sur la propagation des ultra-sons
  • Études sur la protection contre l’agressif atomique (secrètes, non publiées)

En 1958, Marcelli devait accepter la gérance de la Pharmacie de l’Institution Nationale des Invalides, poste qu’il conserva jusqu’en 1970.

Pierre Monnier (1905-1966). Il a été candidat à l’Académie de Pharmacie le 10 juin 1952. Contrairement à ce qu’indique le site de l’Académie, il a bien été élu comme membre correspondant en 1953. Il est né à Gignac dans l’Hérault, le 30 juin 1905. Docteur en médecine en 1930, il est docteur ès-Sciences naturelles en 1939 et pharmacien en 1947.  Sa thèse à Montpellier en 1931 avait porté sur la répartition entre les globules et le plasma sanguin de quelques non-électrolytes envisagés eu point de vue physico-chimique.

Pierre, Henri Mesnard, né à Périgueux le 1er décembre 1910, a demandé à être membre correspondant de l’Académie de Pharmacie le 18 janvier 1950, puis le 17 janvier 1951. Il fut élu en 1953. Il était professeur à la Faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux.

Diplômé pharmacien en 1933, puis pharmacien supérieur en 1936, il était également licencié ès-Sciences en 1932 et possédait un diplôme d’Études supérieures de Sciences Physique (1937). En 1939, il est reçu premier comme agrégé des Facultés de médecine (section pharmacie) et devient docteur en médecine en 1945. Il est d’abord préparateur en 1931, puis assistant (1933), Agrégé institué (1939), Chargé d’enseignement (1948), pérennisé (1946) et professeur sans chaire en 1948. Il participe à plusieurs enseignements en pharmacie chimique, pharmacie galénique, hydrologie et médecine coloniale. Il est par ailleurs Inspecteur principal des Pharmacies, expert près des tribunaux, membre du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de la 4ème région, et secrétaire de la Société de prévoyance et de secours mutuels des pharmaciens de Girond.

Il appartenait à plusieurs sociétés savantes dont la Société de Pharmacie de Bordeaux (Secrétaire des séances en 1941 puis Secrétaire général), la Société chimique de France, la Société de Chimie biologique, la Société des Sciences physiques et naturelle de Bordeaux, la Société anatomoclinique de Bordeaux, l’Institut du Pin, la Société de médecine et de chirurgie de Bordeaux et l’Association contre le cancer. Les travaux scientifiques de Pierre Mesnard ont été très variés, non seulement sur la pharmacie galénique mais aussi sur la chimie organique, la toxicologie, la cancérologie l’anatomie pathologique et sur la législation pharmaceutique, la plupart de ces travaux ayant été publiés dans le Bulletin de la Société de Chimie, le Bulletin des Sciences Pharmacologiques, la Revue des corps gras et solvants ou communiqués à la Société médicale et chirurgicale de Bordeaux.

Pierre Mesnard était Officier des Palmes académiques, Chevalier de la Santé Publique, Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre National du Mérite, Médaille de Vermeil du Service de Santé de la Marine. Il était aussi membre correspondant de la Real Academia de Farmacia (Madrid), de la Real Academia de Farmacia (Barcelone), de l’Institut de Coimbra (Portugal), Membre d’honneur de la Société de Pharmacie de Bénarès (Inde). 

En novembre 1948, l’Académie de pharmacie reçoit la candidature de M. P. Gérald, pharmacien à Limoges. Il est le directeur du Laboratoire du Vermifuge RABI qui se trouve alors 6, rue Pierre Curie à Limoges.

Durant la même période, le 2 décembre 1949, René, Louis Lory présente sa candidature à l’Académie de Pharmacie où il sera élu membre correspondant en 1950. Il avait présenté sa candidature une première fois en mai 1945, qu’il avait renouvelée les années suivantes. René Lory est né le 26 février 1911. Originaire de la Mayenne, à Gordon, où son père était industriel négociant, c’est à Paris au lycée Carnot qu’il fait ses études secondaires puis s’oriente vers la Pharmacie. Après son stage chez Guillot, il poursuit ses études avenue de l’Observatoire, prépare et obtient l’Internat (1933) et vient à l’hôpital Beaujon dans le service du professeur Valette. Il s’oriente vers une carrière universitaire et commence des travaux de recherche à la faculté aux côtés de René Truhaut, Raymond Cavier et André Quevauviller. Il passe trois certificats à al Sorbonne et soutient une thèse de doctorat ès Sciences en Microbiologie en juin 1944. Il rencontre Albert Salmon et prend la direction technique des laboratoires Meram, unité de production d’ampoules injectables de la Cooper. Il développera en 1955 une nouvelle structure de production d’injectables de grand volume, puis se lancera dans le développement et la production de nouveaux médicaments spécialisés : Modane, Recordil et Mag 2 en créant une filiale médicale de la Cooper. Il deviendra Directeur Général puis Président des laboratoires Meram et succédera à Albert Salmon à la présidence de la Cooper jusqu’en 1976. Il avait été élu par ailleurs membre du Conseil de l’Ordre des pharmaciens et participait aux travaux de la Pharmacopée, de la Société de Thérapeutique, de la Société de Mycologie et de la Société de Technique pharmaceutique.

René Lory était Officier de Réserve et Chevalier de la Légion d’honneur. Il décédé le 20 avril 2004.

Joseph Luciani a été élu membre correspondant de l’Académie de Pharmacie en 1948. Joseph Luciani, diplômé de Montpellier, s’associe en Tunisie avec son oncle Paul en 1927 ; président du Syndicat des pharmaciens tunisiens, il organisa les 1ères Journées pharmaceutiques tunisiennes en 1948. Nous n’avons pas d’autres informations !

Henri, Barthélemy Lestra a posé sa candidature à l’Académie de Pharmacie le 22 janvier 1947. Il était né le 29 décembre 1894 à Saint-Etienne (Loire). Reçu pharmacien de 1ère classe le 8 novembre 1919, puis Docteur en pharmacie de l’Université de Lyon, il devint pharmacien supérieur le 25 mai 1927. Professeur suppléant de pharmacie et de matière médicale dans un premier temps, il fut ensuite professeur de chimie et de toxicologie à l’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie de Grenoble à compter du 1er décembre 1938. Par ailleurs, Lestra était membre du Conseil d’hygiène de l’Isère, Inspecteur honoraire des pharmacies, et Directeur adjoint de l’École de Médecine et de Pharmacie de Grenoble. Il était officier d’Académie et Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique.

Ses travaux ont porté sur des sujets variés : alcaloïdes cristallisés de la lobélie enflée, culture du bacille de Loeffler, Séparation analytiques des halogènes et autres dosages, l’alcool en médecine légale ou encore les acquisitions nouvelles en vaccinothérapie.

Il ne sera finalement pas élu à l’Académie

Autre candidat : Maurice Leulier (1892-1977), est né le 29 novembre 1892 à Delle (Territoire de Belfort). Il présente sa candidature comme membre correspondant de l’Académie nationale de Pharmacie le 4 juillet 1947, puis à nouveau le 26 mai 1948 et le 26 septembre 1951. Il est finalement élu cette année-là. Reçu pharmacien en 1919, il est d’abord pharmacien militaire d’active puis il a occupé les fonctions de professeur de l’École nationale de Médecine et de Pharmacie de Reims jusqu’en 1963. Sa thèse de Pharmacien Supérieur avait été vouée à l’étude des camphocarbonates d’alcaloïdes en 1936. Maurice Meulier était Officier de la légion d’honneur et avait reçu la Croix de guerre 14-18 avec trois citations et était aussi Officier de l’Instruction Publique.

Une autre candidature mérite d’être signalée : celle de Olivier Gaudin qui se porte candidat à l’Académie nationale de pharmacie en mai 1945 mais finalement décide de renoncer à se présenter deux ans plus tard, le 29 mai 1947. Il était depuis Olivier Gaudin est propriétaire depuis 1932 des laboratoires du Bac à Asnières qui distribuaient et fabriquaient des médicaments Grand Public dont les Pastilles Rennie. Parmi les autres spécialités du laboratoire, il y a les sels Kruschen, la Chlorofoline, l’Ex-Ail ou encore le Chlorolax. En novembre 1945, il crée les Laboratoires de Thérapeutique Moderne (LATEMA)  afin de produire des spécialités médicales. La première est un cholérétique, le Sulfarlem mis au point par le docteur Raoul Kourilsky, puis la gamme s’enrichit avec le Sulfarlem-Choline et le Sulfalem S25 (1971). De nombreux médicaments seront commercialisés par la suite : la Lartépyrine, l’Algésal , l’Alvityl, le N-Oblivon. Olivier Gaudin était docteur en pharmacie (1930), docteur ès-Sciences Naturelles (1937), ex-Interne des hôpitaux de Paris (1926). Il avait réalisé de nombreux travaux scientifiques avant la deuxième guerre mondiale. Sa thèse de 1930 avait porté sur « l’étude de l’action des alcaloïdes de l’opium sur l’intestin isolé du cobaye ». Il publiera ensuite, seul ou avec d’autres auteurs, plusieurs articles sur les pyréthrines qui avaient abouti à une thèse en 1937 intitulée : « Recherches sur l’action physiologique des Pyréthrines. Il s’était aussi intéressé à l’extrait d’artichaut, aux dérivés de l’Anéthol et de l’Estragol, entre autres sujets.

Membre de plusieurs sociétés savantes et lauréat de l’Académie de médecine et de la Société de Pharmacie de Paris, il avait été remarqué pour ses actions de résistant durant la période d’occupation. Le décret 25 février 1946 qui le nomme Chevalier de la Légion d’honneur précise qu’Olivier Gaudin, des ex-Forces Françaises de l’Intérieur, « a fait preuve pendant l’occupation d’un esprit patriotique hors de pair et coopéré activement, dès juillet 1940, à la formation des premiers groupes de résistance. A assuré des liaisons avec les envoyés du Général de Gaulle, abrité à son domicile de nombreuses réunions des dirigeants des principaux mouvements, procuré à la Résistance des quantités notables d’explosifs et fourni des renseignements d’une extrême importance. S’est mis à la disposition du Gouverneur Militaire de Paris dans la clandestinité et lui a rendu des services signalés avant et pendant la libération de la Capitale ».

Dans son dossier de candidature à l’Académie, Olivier Gaudin indique également avoir été arrêté en mai 1942 puis relâché. Il dit également avoir donné le plan complet du réseau électrique français avec les connections au réseau allemand en juillet 1942, ainsi que la liste nominative des bateaux livrés aux Allemands à Marseille en novembre 1942. Il a également fourni des faux papiers et cachés de nombreux réfractaires et résistants traqués, des faux certificats médicaux à des membres de la résistance et aidé pécuniairement la Résistance, notamment par un don de 100.000 Francs au C.A.D.[9] au début de 1943. Il avait également récolté 5.5 millions de francs pour le C.O.F.I. Délégué de l’U.C.I.F. pour la pharmacie[10], il avait fourni gratuitement des quantités importantes de médicaments. (dont 40.000 ampoules de morphine) qui avait réparti aux différents échelons du Service de Santé de la Résistance, en liaison avec le Comité Médical de la Résistance (Professeur Pasteur Vallery Radot et Robert Debré ainsi que les docteurs Leibovici, Milies et Mabilleau). Avant l’insurrection, chargé par le Comité Médical de la Résistance, en liaison avec le N.A.P.[11] et les ingénieurs résistants de la Préfecture de la Seine, d’assurer l’alimentation en eau potable du département de la Seine, au cas où les Allemands mettraient à exécution leur plan de destruction. A la suite de ces actions de résistance, Olivier Gaudin avait reçu les félicitations de Georges Bidault, président d’Honneur du Conseil National de la Résistance et avait reçu la médaille de la Résistance avec rosette et la Croix de guerre avec palme, au titre de la Résistance. Enfin, Olivier Gaudin était membre du Conseil National de l’Ordre des pharmaciens créé à la Libération.

Nous poursuivons l’inventaire de ces pharmaciens élus au cours du XIXe et du XXe siècles, tout d’abord avec Paul Jarmon, né le 15 mars 1894 en Tunisie. Il entreprit ses études de pharmacie en 1913 et fit son stage à l’hôpital Charles Nicoll à Tunis. Pharmacien de 1ère classe de la Faculté de Toulouse en 1918, il devint docteur en pharmacie en 1919 (sur l’ionisation mécanique de l’eau et intervention du saccharose. Il était également ingénieur-chimiste de la faculté des Sciences de Toulouse (1919) et licencié ès-Sciences de la même Faculté (1919). Il va occuper les postes de préparateur de Chimie Biologique et de Chefs de Travaux Pratiques de chimie à la Faculté de Médecine de Toulouse en 1919. Il décide de s’installer en Tunisie et crée le 2 décembre 1920 le premier laboratoire pharmaceutique tunisien où sont fabriqués des spécialités pharmaceutiques et des pansements[12]. Il crée également le premier laboratoire privé de Biologie médicale sous le nom de laboratoires Jasma, 10 rue d’Espagne à Tunis. En mai 1930, il possède la Grande Pharmacie du Marché à Tunis, 10 rue d’Espagne et se dit « Fournisseurs de l’Amicale des postiers français et de l’Amicale des postiers indigènes ». A l’indépendance de la Tunisie, Jarmon dut quitter son pays natal en abandonnant son entreprise, nationalisée sans indemnisation financière. Il s’installa alors à Paris.

Paul Jarmon était membre de nombreuses sociétés savantes et fut le fondateur du Syndicat pharmaceutique de Tunisie en 1933 dont il devint le président. Secrétaire général de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie, il faut aussi membre de la Chambre de Commerce Française du pays. Enfin, il fut aussi président fondateur du syndicat des Représentant-Dépositaires de Spécialités Françaises en Tunisie. Durant la guerre de 1939/45, il a volontairement dirigé un service du laboratoire Z (consacré aux gaz de combat) et avait reçu, à ce titre, un message de félicitations et de gratitude des Pouvoirs Publics tunisiens. Concernant l’Académie de Pharmacie, il fut proposé par le docteur Henri Lenoir en juin 1949 et élu membre correspondant national en décembre 1950. Il reçut par ailleurs plusieurs distinctions : Commandeur du Nicham Ifhikar, Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique et Chevalier du Mérite Social. Paul Jarmon est décédé le 12 janvier 1989 à Paris.

Un troisième personnage mérite d’être mentionnée : Mlle Lambin (1902-2008), qui fut candidate à l’Académie nationale de pharmacie en 1950, puis en 1951. Suzanne Lambin est née à Nantes le 1er août 1902. Après des études secondaires qui l’ont conduite au baccalauréat de 1919 à 1920 à Nantes, Mlle Lambin effectue son stage de pharmacie dans cette même ville à la pharmacie Le Bouzec, puis entreprend ses études de pharmacie à l’École de plein exercice de médecine et de pharmacie, et les termine à la Faculté de Paris où elle obtient son diplôme de pharmacien en 1925. Elle est reçue la même année 2ème au concours de l’Internat des hôpitaux de Paris. Elle entre dans le service dans le service du professeur Régnier, où elle va se focaliser sur la microbiologie. Elle prépare ensuite à la Faculté des Sciences les certificats d’études supérieures de Botanique en 1926 et de Physiologie générale en 1927[xx].

Sa carrière universitaire commence à Nantes dès 1923 où elle obtient le poste de préparateur de physique à l’École mixte de plein exercice de Médecine et de Pharmacie. A Paris, elle est nommée en 1928 préparateur auxiliaire aux travaux pratiques de Microbiologie puis titularisée comme assistant le 1er mars 1931. Elle entreprend des recherches sous la direction de Jean Régnier sur l’action antimicrobienne des substances chimiques, sujet de sa thèse soutenue en 1933 en vue du doctorat ès-sciences naturelles. En 1942, elle contribue à la création du C.E.S de Microbiologie, Sérologie, Hématologie et Parasitologie et est chargée de conférences aux travaux pratiques de ce certificat. Elle est nommée en 1943 chef des travaux pratiques de Microbiologie. A partir du 15 février 1947, elle est chargée des fonctions de maître de conférences de Microbiologie et, en 1948, chargée du cours de Cryptogamie et de technique bactériologique. Le 1er janvier 1949, elle est nommée maître de conférences. Mlle Lambin est chargée du cours de Microbiologie dès le 1er mars 1951, puis nommée titulaire dans cette chaire à compter du 1er octobre 1951.

Les recherches de Mlle Lambin ont presque exclusivement porté dans le domaine de la Microbiologie et ont été principalement orientées vers les études suivantes : mises au point des méthodes quantitatives permettant de suivre la multiplication de cultures microbiennes in vitro et applications de ces méthodes, étude de la physico-chimie de la cellule bactérienne, recherches sur les substances antimicrobiennes et les substances antiseptiques.

Membre résident de l’Académie de pharmacie en 1951. Officier d’Académie en 1938, de l’Instruction publique en 1946, commandeur de l’Ordre des Palmes académiques en 1965, chevalier de la Légion d’honneur en 1954, officier de l’Ordre national du Mérite en 1969.

C’est en 1954 que Robert, Ernest, Auguste Jequier (1910-1989) a été élu membre correspondant de l’Académie de Pharmacie. Il est né le 1er novembre 1910 à Dijon. Licencié ès-Sciences Naturelles, il avait obtenu 4 certificats : Chimie Générale (1931), Chimie Industrielle (1938), Botanique Générale (1938) et Physiologie Générale (1937). En parallèle, il poursuit ses études de pharmacie et obtient son diplôme en 1934. Interne des hôpitaux de Paris de 1935 à 1940, il est reçu docteur en pharmacie de la Faculté de Paris en 1941 avec sa thèse intitulée « Contribution à l’étude de l’action pharmacodynamique de la théophylline » et « Etude toxicologique et pharmacodynamique de la Solanine ». Jequier a été embauché chez Roussel après la guerre. Il s’y occupe plusieurs années des préparations de l’insuline et des extraits de foie injectables. Sous la direction de Penau il étudie plus spécialement la conservation des organes, pancréas et foie, servant à ces préparations. Ce sera l’objet d’un mémoire publié en 1947 : « Sur des tests de vieillissement et d’altération des organes opothérapiques, concernant plus particulièrement le foie et le pancréas (en collaboration avec MM. H. Pénau, E. Sala et A. Brancourt) », publié dans les Annales Pharmaceutiques Françaises[xxi]. Ce travail sera présenté dès le 4 juillet 1945 à la Société de Pharmacie de Paris.

Mobilisé en 1939 comme Pharmacien Lieutenant au 227ème régiment d’artillerie, il fut fait prisonnier à Toul en 1940 et rapidement libéré par les Allemands.  Après la seconde guerre mondiale, Robert Jequier est placé par le professeur Velluz à la tête du service de Physiologie de UCLAF (Usines Chimiques des Laboratoires Français qui seront ensuite la base de Roussel-Uclaf). Il va y réaliser de nombreux travaux, principalement dans quatre domaines : 1°) Tout d’abord, R. Jequier va s’intéresser aux effets pharmacodynamiques des hormones sexuelles : d’une part leur action propre sur le cœur, d’autre part leur influence sur l’action des médiateurs chimiques sur différents organes isolés, utérus, intestin, cœur. Il s’intéresse aussi, avec Plotka, à l’action des produits d’oxydation de l’adrénochrome, et plus spécialement ses propriétés cholinergiques.  2°) Un autre sujet pris en charge par Jequier concerne les effets de l’acide thiamine-triphosphorique (T.P.P.), récemment découvert à l’époque, sur le cœur de grenouille et de lapin. Il avait aussi étudié les effets de l’ester triphosphorique de l’oxythiamine. 3°) Par ailleurs, à la suite de la découverte des effets de la cortisone sur l’arthrite en 1949, Jequier a entreprit des travaux sur 14 stéroides voisins. 4°) Autres travaux mené par l’équipe de Robert Jequier : les recherches sur les barbituriques et leur action analeptique respiratoire, des travaux sur les propriétés pharmacologiques du digitoxoside et du gitoxoside, deux glucosides isolés à cette période. Enfin, R. Jequier a participé à des travaux divers : forme retard des antibiotiques, intoxication par l’aniline, propriétés des curares, hyperglycémie provoquée chez le lapin, etc.

Jequier était membre de plusieurs sociétés savantes : Société de Chimie biologique, Société Française de Thérapeutique et de Pharmacodynamie, Société de Chimie Thérapeutique, Association des Pharmacologistes, Association pour l’étude de la toxicité des médicaments. Il est décédé en 1989.


[1] Association des anciens internes et internes en pharmacie des hôpitaux de Paris et de sa Région. Bulletin de l’AAIIPHP, 7, décembre 2006.

[2] Lefebvre Thierry. Les pharmaciens fournisseurs de l’Union nationale des combattants en 1936-1937 [Q 259, Union nationale des anciens combattants ]. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 94ᵉ année, n°351, 2006. pp. 399-400.

[3] On peut penser qu’entre 1920 et 1930, il est pharmacien d’officine à Lorient ou Paris mais rien d’est indiqué dans son dossier à ce sujet.

[4] Louis Irissou. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 44ᵉ année, n°151, 1956. pp. 421-423.

[5] Le quebracho-blanco est un arbre à écorce ligneuse, de la famille des Apocynaceae, riches en tanin et fournissant un bois très dur, particulièrement résistant. Son nom provient de l’espagnol quiebrahacha, qui signifie brise-hache.

[6] Lucien Leprestre avait obtenu un certificat d’enregistrement pour la Streptomycine sous le numéro 825 du 28 novembre 1945 et avait fait une demande de visa comme l’exigeait la loi de 1941.

[7] G. Dillemann. Historique des facultés de pharmacie. Produits et problèmes pharmaceutiques, 1972

[8] Au moment de la deuxième guerre mondial, il est affecté à l’Etat-Major D.G.G., laboratoire du professeur Lebeau, du 2 septembre 1939 au 13 avril 1940.

[9] C.A.D. : Comité d’Action contre la Déportation ; COFI : Comité Financier de la Résistance ;

[10] U.C.I.F : Union des Cadres Industriels de La France Combattante.

[11] N.A.P. : Noyautage des Administrations Publiques.

[12] La Société d’industries chimiques et pharmaceutiques Jarmon et Cie.


[i] Valette Guillaume. La S.H.P. en deuil : décès du professeur Bedel et du docteur Boinot. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 55ᵉ année, n°192, 1967. pp. 375-377.

[ii] Briot, Eugénie. « Les Fabriques de Laire, pionnières de la chimie des corps odorants à Calais (1876-1914) ». PME et grandes entreprises en Europe du Nord-Ouest XIXe – XXe siècle, édité par Jean-François Eck et Michel-Pierre Chélini, Presses universitaires du Septentrion, 2012

[iii] J. Bougault. Raymond Delange (1874-5 avril 1948). Annales Pharmaceutiques Françaises, mai-juin 1948, VI, 5-6 : 33-34.

[iv] J. Roche. Éloge de Léon Velluz. Bull. Acad. Nat. Méd., 1982, 166, n°2, 165-169, séance du 9 février 1982.

[v] Charonnat. Bulletin de l’Académie Nationale de médecine, 5 et 6, 1958 : 100, Masson et Cie ed. 

[vi] Jacqueline Sigvard. Louis Cuny. Compte rendu de l’Académie nationale de Pharmacie, 1987.

[vii] J-E. Courtois. Eloge de Marcel Guillot. Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, 1984, 168, 1-2 : 23-29.

[viii] Guillaume Valette. Jean Régnier (1892-1946). Annales Pharmaceutiques Françaises, mars-avril-mai 1946 : 9-10.

[ix] Bonnemain Henri. Éloge de François Prevet (1901-1974). In: Revue d’histoire de la pharmacie, 62ᵉ année, n°223, 1974. pp. 261-262.

[x] Guy Desson. René Souèges (1876-1967). Compte rendu de la séance publique annuelle de l’Académie nationale de Pharmacie, 1974, 1 : 45-57.

[xi] Jean-Charles Sournia. Eloge du professeur Jean Cheymol (1896-1988). Eloge prononcé à la séance du 28 janvier 1989 à la Société française d’Histoire de la médecine.

[xii] Valette Guillaume. Maurice-Marie Janot (1903-1978). In: Revue d’histoire de la pharmacie, 67ᵉ année, n°240, 1979. Numéro spécial : 250e anniversaire de la naissance d’Antoine Baumé (1728-1804) pp. 67-68.

[xiii] Raynal Cécile, Lefebvre Thierry. Médicaments ayurvédiques en France. la tentative des laboratoires Polythérapic. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 97e année, N. 368, 2010. pp. 413-430.

[xiv] Dillemann Georges. Le doyen Guillaume Valette (1902-1982) [Eloge prononcé par M. le Doyen honoraire G. Dillemann à l’assemblée générale de la Société d’Histoire de la Pharmacie le 10 mai 1982 ]. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 70ᵉ année, n°253, 1982. pp. 83-86.

[xv] Henri Griffon, Titres et travaux, Paris, ancienne Imp. Cour d’Appel, 1944.

[xvi] André Guerbet par le professeur Bedel. Annales Pharmaceutiques Françaises, mai 1964, tome XXII.

[xvii] G. Dillemann. Louis Charles Lutz. Produits et problèmes pharmaceutiques, avril 1971 : 250-252.

[xviii] Percheron François. Jean-Émile Courtois (1907-1989). In: Revue d’histoire de la pharmacie, 78ᵉ année, n°286, 1990. pp. 331-333.

[xix] M. Mascré. Denis Bach (1887-1946). Annales Pharmaceutiques Françaises, janvier-février 1946, IV, 1 : 1-2.

[xx] G. Dillemann. Historique des Facultés de Pharmacie. Produits et problèmes pharmaceutiques, années 1970

[xxi] Annales Pharmaceutiques Françaises, 1947, 5, 218-228.

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