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Pharmaciens célèbres ou inconnus de la Société de Pharmacie de Paris (1920-1929)

Nous poursuivons notre étude sur les candidats à la Société de Pharmacie de Paris, entre 1920 et 1929.

En 1920, c’est au tour de Marc Bridel (1883-1931) de présenter sa candidature et d’être élu à la Société de Pharmacie. Né à Blois le 15 juin 1883, le pharmacien Marc Bridel avait obtenu son doctorat ès-Sciences naturelles en 1913, et pris les fonctions de pharmacien des hôpitaux en 1919. Il avait également été nommé titulaire de la chaire de physique végétale au Muséum en 1926. Il était donc membre de la Société de Pharmacie mais aussi de la Société de biologie et de la Société de chimie biologique dont il était le Secrétaire général depuis 1921. Marc Bridel participait activement à la parution du Journal de Pharmacie et de Chimie depuis 1910. Les principaux travaux de Bridel se rattachent à l’étude du rôle physiologique de nombreuses substances retirées du règne végétal. Dès son entrée au laboratoire de Bourquelot, il a commencé l’inventaire des « principes immédiats », sucres et glucosides, existant dans les végétaux. Il a ensuite extrait des végétaux un certain nombre de nouvelles substances, tout en examinant le rôle des glucosides dans la nutrition du végétal, et dans les changements de coloration des plantes au cours de leur dessication. Bridel a effectué des recherches sur l’émulsine, l’invertine, la glucosidase, la primevérosidase et la rhamnodiastase. Il étudia les réactions de fermentation et leur réversibilité. Il avait également mené des études de pharmacie galénique : sur la percolation, la préparation de l’eau de Laurier-cerise, ou encore sur l’essai de sirop de gomme du Codex de 1908, etc.

A l’appui de sa candidature en 1920, Bridel avait donné une liste de 81 communications et ses travaux de poursuivront jusqu’à sa mort en 1931 où on dénombra plus de 200 publications. Marc Bridel avait reçu la Croix de guerre et était Chevalier de la Légion d’honneur. Il est décédé en décembre 1931, à 49 ans.

Toujours en 1920, un autre candidat se présente René Fabre (1889-1966), toxicologue et pharmacien des hôpitaux de Paris, qui sera élu cette année-là et sera le secrétaire perpétuel de la Société de Pharmacie de 1947 à 1966. Sa biographie est parue dans notre Revue en 1984[i].

C’est également en 1920 que Charles, Ovide, Guillaumin (1884-1948), né à Chartres le 21 mars 1884, se présente comme candidat. Il ne sera élu que 4 ans plus tard, en 1924. A l’époque de sa candidature, il écrit sur un papier à entête de la Société Carrion (laboratoire de Biologie appliquée), dirigée par le docteur Hallion. On peut donc supposer que Guillaumin travaillait dans ce laboratoire, bien que ce ne soit pas mentionné. Dans un autre document, l’entête indique « Hôpital Lariboisière ». Dans sa lettre Guillaumin indique qu’il présente ses travaux « au moins ceux que j’ai pu sauver du bouleversement de mes papiers dû à la guerre ». Il a en effet perdu plusieurs documents dont sa thèse de doctorat de 1910 intitulée « Etude chimique et pharmacologique des thymols synthétiques dérivés des acides crésotiniques », couronnée par la Société de Pharmacie (médaille d’or) et par l’Ecole de Pharmacie (Prix Flon). Interne des hôpitaux de Paris (1906), pharmacien de 1ère classe (1908), il était membre de plusieurs sociétés savantes.

Après sa thèse, il part au Portugal pour quelques années, puis revient en France où il se spécialise dans les analyses biologiques. Pendant la guerre de 1914-1918, il est chef d’un laboratoire aux armées et publia plusieurs articles sur l’emploi des hypochlorites pour la stérilisation des eaux potables (1915) et pour l’irrigation des plaies de guerre (1916), ainsi qu’une étude sur les ictères picriques (1915). Après la guerre, il poursuit ses travaux en Chimie biologique : dosage de l’acide urique (1922), dosage des sucres réducteurs (1920), dosage du calcium sanguin, des corps cétoniques, de l’alcalinité sanguine, etc. Il fut appelé à présider le groupement des pharmaciens biologistes. En parallèle, il dirige un laboratoire pharmaceutique qui porte son nom, le laboratoire André Guillaumin situé 12 rue du Cherche-Midi à Paris. Ce dernier commercialise jusque dans les années 1960 plusieurs spécialités : Acésine Guillaumin (pommade à base d’extrait de capsules de surrénales, de chlorétone et de stovaïne), Comprimés Guillaumin (à l’oxycyanure d’hydragyre comme antiseptique), Cyanargyne, Novagyre (à l’oxycyanure d’hydragyre en injections intramusculaires pour « les accidents syphilitiques »), Theosalvose ( à base deThéobromine comme diurétique), Vanadarsine (à base d’arséniate de Vandium, stimulant de l’appétit, pour tous les états de faiblesse : tuberculose, anémie, anorexie, etc.).

Guillaumin était pharmacien commandant de Réserve, et Officier de la Légion d’honneur. Il est décédé le 30 octobre 1948.

C’est également en 1920, le 1er février, que Henry Penau (1884-1970) pose sa candidature de membre correspondant. Lorsqu’il se présente en 1920, il est encore directeur technique des Établissements Byla. Il ne sera élu qu’en 1921. Henry Penau est né à Brest, le 25 août 1884. Après des études secondaires à Brest puis à Sainte-Croix de Neuilly, il opte pour une carrière pharmaceutique et début un stage en 1902 chez Lecoq, à Neuilly, puis chez M. Denise à Etampes et finalement chez M. Sauzeat à Paris. En 1905, Penau entre à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris et à la Sorbonne. Licencié ès-Sciences naturelles en 1907, il fut major du concours de l’Internat des hôpitaux de Paris l’année suivante, puis pharmacien, médaille d’or et d’argent de l’Ecole supérieure de Pharmacie en 1909. Après deux ans de travail en pharmacie d’officine (Pharmacie Mialhe), il est reçu docteur ès-Sciences naturelles en 1911 (avec une thèse sur la cytologie de quelques microorganismes) et entre à la Droguerie Centrale du Sud-Ouest à Agen pendant trois ans. En 1914, il est mobilisé comme pharmacien-lieutenant et sert dans les formations sanitaires de l’avant. Il s’intéresse à la stérilisation des eaux en campagne. Promu capitaine en 1917 et décoré de la Croix de geurre avec deux citations, il sera fait Chevalier de la Légion d’honneur. A la fin de la guerre, il rejoint en 1919 le laboratoire Byla, à l’époque de la découverte des vitamines et des hormones. L’industrie biologique est alors à ses débuts avec une technologie rudimentaire. Penau va publier de nombreuses notes, seul ou en collaboration avec d’autres scientifiques, sur la préparation, le contrôle, la biochimie et les propriétés physiologiques de vitamines, d’hormones et d’enzymes.

En 1937, Roussel fait appel à lui pour la direction des départements pharmaceutiques et biochimique de l’UCLAF. Il organise la production industrielle de nombreuses préparations : acide nucléique, insuline, carotène b cristallisés, vitamine A, etc. Il produit aussi des hétérosides : digitaline, ouabaïne, aloïne, esculoside et des alcaloïdes spartéine, éphédrine, hyosciamine, etc. En 1942, une mission officielle en Espagne sur les foies de poisson, source de vitamine A, est pour lui l’occasion de découvrir les travaux originaux de Chain, Florey et Abraham sur les antibiotiques et il entreprend, dans le secret, des recherches sur le principe antibiotique du Penicillium. Dès la fin de la guerre, Roussel confie à Henry Penaula mission de créer une usine d’antibiotiques, une première en Europe, ce qu’il réussit à faire avec une solide équipe en trouvant les solutions à de multiples problèmes techniques. A la production de pénicilline, il ajoute bientôt celle de la streptomycine, de la vitamine B12, de l’érythromycine. En 1943, on isole la corylophyline , puis la framycine et l’hydroxymicine[ii].

Henry Penau était membre de plusieurs sociétés savantes : la Société de Pharmacie de Paris en 1921 (qu’il présidera en 1947), la Société de Thérapeutique et la Société Chimique de France et il est élu à la présidence de la Société de Chimie Biologique en 1937. Il fut également élu à l’Académie Nationale de Médecine en 1958 et dans diverses sociétés savantes étrangères. Il publia de très nombreux articles scientifiques tout au long de sa vie. 

Henry Penau n’(est pas le seul à présenter sa candidature cette année-là. Il y a également quatre autres candidats : Martial, François, Antoine Laudat, élu en 1922 et qui deviendra président de la Société en 1949 ; le pharmacien d’officine Rengniez, né le 10 janvier 1870 à Saponcourt (70) (Pharmacie Normale de Passy, 56 rue de Passy à Paris) qui ne semble pas avoir été élu ; Ferdinand Richard, élu en 1922 ; Raoul Lecoq, élu en 1926, et Paul Fleury, élu en 1921.

1) Martial Laudat (1886-1952) était pharmacien de 1ère classe (1911), Interne des hôpitaux de Paris (1908) et docteur en pharmacie (1913). Il avait été préparateur du Cours de Chimie Biologique à l’Ecole supérieure de Pharmacie et Chef de laboratoire à la Faculté de médecine en Chimie médicale. Au moment de sa candidature en 1920, il avait reçu le prix Laroze de l’Ecole de Pharmacie en 1913 et le prix Dubail de la Société de Pharmacie en 1914. Ses travaux avaient porté sur la biologie médicale : dosage de l’urée, dosage des lipides, du chlore, etc. On trouve dans le Journal de Pharmacie et de Chimie quelques-unes de ses publications sur le dosage de l’urée dans le sang ((1921), le chlore dans le sérum sanguin (1917), etc.

2) Ferdinand Richard (1877-1961). Lors de sa candidature, il était Chef du laboratoire des essais de la Pharmacie centrale des hôpitaux et hospices civils de Paris depuis 1903. Au cours de la première guerre mondiale, il avait été chef du laboratoire de chimie de la Pharmacie centrale de l’Armée d’octobre 1915 à octobre 1919. Il avait publié de nombreux articles dans le Journal de Pharmacie et de Chimie : Essais des comprimés (1919), L’eau distillée n’est pas souvent pure (1922) ; Gazes et cotons médicamenteux sans médicaments (1923) ; Cannelles et Quinquinas de mauvaise qualité (1924) ; Sur l’essai de l’éther par l’iodure de potassium (1924) ; Sur la préparation et la conservation des solutions d’adrénaline (avec Malmy, 1921) etc.

3) Raoul Lecoq (1892-1980), docteur en pharmacie, licencié ès-Sciences, ancien Interne des hôpitaux de Paris, il avait été lauréat de la Faculté de Pharmacie, de la Société de Pharmacie et du Conseil général du Loiret. Il a été élu membre résident de la Société de Pharmacie en 1926.  Lors de sa candidature en 1921, il avait déjà de nombreuses communications : Les phénomènes d’intolérance causés par la présence d’acide salicylique dans le salicylate de soude (1915) ; La fabrication industrielle des savons de potasse et de soude (1916) ; Exposé rapide d’une méthode d’essai des huiles utilisables en savonnerie (1917) ; Étude de la souche de l’Ipeca de Goa (1915) ; Les résidus industriels des graines oléagineuses de la famille des Méliacées. Leur utilisation possible en agriculture (1918) ; Sur la panification directe (avec Leprince, 1918) ; Le vignoble orléanais (avec Le prince, 1918) ; Les nouvelles théories alimentaires (1920), etc.  Pharmacien de l’hôpital de Saint-Germain en Laye, Raoul Lecoq était aussi connu pour sa carrière d’auteur dramatique sous le pseudonyme de Lucien Dabril. « Le Marchand de bobards », qui marque ses débuts, fut en partie diffusé à la radio de la tour Eiffel. « Mon oncle et mon curé », a eu plus de quatre mille représentations dans le monde entier, etc[iii].

4) Paul Fleury (1885-1974) dont une brève biographie a été publiée dans notre Revue[iv]. Il était né le 8 mai 1885 à Gien (Loiret). Il fut président de la Société de Pharmacie en 1948. Ex-Interne des hôpitaux de Paris (1906), licencié ès-Sciences (1908), il était pharmacien supérieur en 1920 et, la même année, lauréat de la Société de Pharmacie. Au moment de sa candidature, il était pharmacien-chef des Asiles de la Seine (1914) et préparateur des cours de Chimie Biologique à la Faculté de Pharmacie de Paris (1912). Il était Chevalier (1946) puis Officier (1955) de la Légion d’honneur, Commandeur des palmes Académiques (1962) et Commandeur de la Santé Publique (1983). Il était le fondateur de l’Association des Pharmaciens biologistes (1956)

En janvier 1921, Lantenois, rapporteur de la Commission chargée de l’examen des candidatures de membre de la Société de Pharmacie de Paris, propose une série de correspondants nationaux :

M. Auguste Escaich (1873-1924), pharmacien à Casablanca, ancien préparateur à l’École de Toulouse, qui avait présenté à la Société diverses notes sur la caractérisation des nitrites et des nitrates, et sur diverses applications du Pyramidon à l’analyse. En 1914, il avait publié un ouvrage intitulé « les anomalies de l’urine. Leur recherche simplifiée et leur signification » (Paris, Vigot ed., 1914, 165 p.). Membre de la Société d’Histoire de la pharmacie dès l’origine. On trouve une courte biographie d’Auguste Escaich dans notre Revue[v], ainsi que plusieurs articles : « Une vieille pharmacopée Siamoise inédite » (publié seulement en 1932) ; « Une limitation originale du nombre de pharmaciens à Madagascar » (1917) ; « L’art de guérir au Siam » (1917).

Le second candidat était M. Armand Juillet (1882-1959), né à Cervone, en Corse, le 2 août 1882, docteur ès Sciences (1914), professeur de la faculté de pharmacie de Montpellier qui avait publié les résultats de nombreuses recherches intéressant la matière médicale, la pharmacie, la zoologie et la bactériologie, ainsi que sur les eaux distillées médicamenteuses. Il a été élu en 1921 membre correspondant de la Société de Pharmacie de Paris et membre correspondant national de l’Académie de médecine pour la division de pharmacie le 12 novembre 1935. Il était aussi membre de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier de 1937 à 1950.

Voici quelques-unes de ses publications : Les oléagineux et leurs tourteaux (1955) ; Essai de destruction du pou de corps ou de vêtements « pediculus corporis » de Geer (1925) ; La Pratique microscopique (bactériologie, cytologie, parasitologie, séréologie) (1923) ; Essais de culture et cultures industrielles du pyrèthre de Dalmatie, applications agricoles (1923) ; Les Plantes médicinales dans le département du Gard (1920) ; Plantes médicinales des Pyrénées-Orientales (1920) ; Notice sur les plantes médicinales et à essences de l’Hérault (1920) ; Eaux distillées, leur composition, origine des principes qu’elles renferment (1914) ; Recherches anatomiques, embryologiques, histologiques et comparatives sur le poumon des oiseaux (1912) ; L’eau distillée de laurier-cerise, préparée avec des feuilles d’âge différent (1913) ; Quelques observations sur la solubilité des constituants de l’eau de laurier-cerise (avec Astruc, en 1913) ; le gâchage et la prise du plâtre (avec Astruc en 1914) etc.

Armand Juillet est décédé à Montpellier, le 22 juin 1959.

Le troisième candidat est M. Paul Robin, pharmacien à Tournus (Yonne), licencié ès Sciences, lauréat de l’Académie des Sciences, chimiste expert près les Tribunaux. Il avait publié diverses notes en collaboration avec Moureu sur les travaux menés pendant la guerre, sur l’acroléine en particulier, et en collaboration avec Bougault ou seul des travaux sur l’oxydation catalytique par les corps non saturés (oxydation de la benzaldoxime, des hydramides, de anisoldoxime, etc.

Le candidat suivant était M. Rodillon, pharmacien à Sens (Yonne), docteur en pharmacie. Il avait présenté à l’Université de Nancy sa thèse sur l’étude pharmacognosique de la Teskra (Echinops spinosus). Il s’est ensuite intéressé aux questions de chimie biologique, urine, sang, liquide céphalo-rachidien. Il avait par exemple publié en 1933 chez Maloine et fils « la séro-réaction de Wassermann rendue simple et précise ». Par la suite, Georges Rodillon a pris la direction du Bulletin des Biologistes Pharmaciens qui était  l’organe officiel et trimestriel de l’Association syndicale des biologistes pharmaciens de 1928 à 1939.

M. Albert Thumann (1856-1938) était également présenté aux suffrages des membre de la Société de Pharmacie. Il avait été pharmacien à Guebwiller, puis président de la chambre des pharmaciens d’Alsace-Lorraine, vice-président de l’Association générale du Syndicat Pharmaceutique de France ; anciennement député au Reichtag, M. Thumann jouit d’un grand crédit auprès du corps pharmaceutique alsacien-lorrain dont il a toujours soutenu les intérêts professionnels ; on lui doit diverses notes scientifiques sur l’analyse des terres arables et la préparation du lactate de strontiane.

Enfin, M. Yves Volmar (1887-1961) est le dernier candidat de ce rapport comme correspondant national. Il était pharmacien, docteur ès Sciences et chargé de cours à la faculté de Pharmacie de Strasbourg. Ses travaux avaient porté sur les alcoylnaphtylacétones, sur les nitrites salicyliques, sur le sulfate de méthyle monochloré et sur la synthèse photochimique d’hydrates de carbone.

Le rapport de 1921 en reste là. Nous savons par ailleurs qu’Yves Volmar est né à Marseille le 25 février 1887, et était issu d’une famille alsacienne repliée à Marseille après 1870. Après le lycée, il fut admis à l’Ecole de Chimie industrielle de Lyon (il en sortit major en 1908) et acquit en parallèle les certificats de Chimie générale et de Chimie industrielle. Il entama ensuite ses études de Pharmacie. Lauréat de l’Ecole supérieure e pharmacie de Paris, il devint préparateur bénévole en 1912, et réussit la même année le concours de l’Internat des hôpitaux de Paris. Il entra d’abord à l’hôpital Laennec dans le service de Bourquelot, puis à l’hôpital Cochin dans le service de Cousin.  Il prépara activement sa thèse de doctorat ès-Sciences à la Sorbonne sous la direction du professeur Haller, où il réalisa de nombreuses synthèses chimiques. Mobilisé le 1er mars 1915, il est d’abord infirmier, puis pharmacien aide-major à l’Inspection des études chimiques de guerre, sous la direction de Charles Moureu.

Après la guerre, il termina son Internat puis fut nommé en 1919 à l’Ecole de Pharmacie de Strasbourg où il enseigna pendant 38 ans. D’abord chargé de cours de Physique, il assura rapidement l’enseignement de Chimie analytique et de Toxicologie (en 1922) puis devint titulaire de la chaire de Chimie organique après la retraite d’E. Laborde. Il orienta son activité vers les travaux de chimie, phytochimie et l’étude des substances naturelles. Sa dernière communication, à la Conférence au Centre de Perfectionnement technique en 1954, avait porté sur la chimiothérapie antituberculeuse[vi].

Par ailleurs, un correspondant étranger était proposé : M. Edward Morrell Holmes (1843-1930), de Londres, qui était conservateur au musée de la Société de Pharmacie de Grande Bretagne. Il s’était intéressé depuis 1882 à l’étude de l’origine des drogues exotiques. Ses publications, nombreuses, ont porté sur un grand nombre de chapitres de la matière médicale, les strophantus, le ratanhia, le buchu, l’ipécacuanha, le jalap, le benjoin, la myrrhe, etc. Il avait par exemple publié dans le JPC de 1914 un article sur l’origine botanique du benjoin de Siam.

Deux nouveaux candidats se présentent en 1922 : le docteur Grigaut, et R. Weitz

Adrien, Hector, Joseph Grigaut (1884-1960) a finalement été élu en 1926. Il est devenu président de la Société de Pharmacie de Paris en 1955

Il était né à Gannes (Oise) le 15 mars 1884 et décédé le 11 novembre 1960 à Paris. Adrien Grigaut fut Interne en pharmacie des hôpitaux en 1907, pharmacien de 1ère classe en 1908, externe en médecine des hôpitaux en 1910. Il prend en 1911 des fonctions de chef de travaux de chimie à la faculté de médecine de Paris. Il est docteur en médecine et lauréat de la faculté de médecine en 1913, lauréat de l’Académie de médecine en 1914 (prix Buignet), lauréat de l’Académie des sciences en 1916 (prix Chaussier). Affecté en 1914 à un hôpital temporaire, il demande à être envoyé aux Armées. Il s’intéresse à la lutte contre les gaz asphyxiants, et reçoit une citation à l’ordre du Service de santé des Armées.

Ses travaux scientifiques sont très nombreux et concernent principalement la biologie médicale. Il a travaillé sur les méthodes analytiques de détection dans les liquides biologiques et dans les tissus de nombreuses substances : glucose, acide urique, cholestérine, urobiline et bilirubine, azote non protéique, toxines diphtérique et tétanique[vii].

Il était membre de la Société de biologie, de la Société chimique de France, de la Société de chimie biologique, de la Société de gastro-entérologie, de la Société d’histoire de la médecine.

Il avait reçu la Croix de guerre et était devenu chevalier de la Légion d’honneur en 1922, officier en 1939.

René Weitz (1882-1984) a été élu en 1923. Il sera président de la Société en 1954. Membre d’honneur de la Société d’histoire de la pharmacie, sa biographie a été publiée dans notre Revue[viii]. Il est né le 28 juillet 1882 à Épinal (Vosges). Il était pharmacien et docteur en médecine.

Un autre candidat se présente à la Société de Pharmacie de Paris en janvier 1922, c’est Marius Picon (1886-1978) qui sera élu et deviendra président de la Société en 1952. Marius Picon est né le 27 mai 1886 à Paris (5ème). Après ses études secondaires et son service militaire d’octobre 1905 à septembre 1906, Marius Picon effectue son stage et s’inscrit à l’École de Pharmacie de Paris. Dès la première année, il est admis au concours de l’Internat des hôpitaux de Paris et des Asiles de la Seine en 1908. Il obtient le diplôme de pharmacien de 1ère classe le 24 décembre 1910. Il entre au laboratoire de Lebeau et devient préparateur à l’Ecole de pharmacie. La guerre l’éloigne du laboratoire mais il est rapidement affecté aux recherches associés aux problèmes militaires. En 1919, il soutient sa thèse de doctorat ès Sciences physiques à la Faculté des Sciences de Paris. En 1920, il est nommé Inspecteur des Établissements classés du département de la Seine et reçu au concours des pharmaciens des hôpitaux de Paris. D’abord nommé à l’hôpital Hérold en 1920, il alla ensuite à l’hôpital Laennec. Reçu au concours d’agrégation de 1926 dans la section physico-chimique, il était institué agrégé en avril 1927. Il était pérennisé en 1932. Chargé du cours de Minéralogie en 1934, 1935 et 1936, il fut nommé professeur de physique en 1937. Le 1er octobre 1946, il fut transféré dans la chaire de chimie minérale où il atteignit l’âge de la retraite le 30 septembre 1957.

Les recherches du professeur Picon, se rattachent à la chimie minérale, la chimie organique, à la pharmacie chimique et à la physique. En chimie minérale, ses travaux ont particulièrement tiré profit des températures élevées et du vide grâce à la réalisation d’un four électrique avec le professeur Lebeau. Ce four qui, dans un vide de l’ordre du millième de millimètre, permettait d’atteindre la température de volatilisation des résistances en carbone pur, fut utilisé pour étudier l’action des hautes températures sur le graphite et le diamant, ainsi que la dissociation des sulfures dans les mêmes conditions. Une autre étude fut consacrée à la décomposition de l’hyposulfite et du sulfite de sodium, sous l’influence de la chaleur dans le vide.

En chimie organique, le professeur Picon entreprit diverses recherches avec utilisation de l’ammoniac liquide comme milieu de réaction. D’autres travaux eurent pour objet l’hydrogénation des carbures saturés par action du sodammonium dans le même milieu. En pharmacie chimique, ses recherches ont porté sur les sels de Bismuth et, en premier lieu, sur ceux inscrits au Codex, ainsi que sur les camphocarbonates métalliques. En physique, on peut citer la mise eu point d’un procédé de mesure de la tension superficielle des liquides et des tensions interfaciales.

Lauréat de l’Institut avec le prix Monthyon et la médaille Berthelot en 1917. Lauréat de la Société Chimique de France avec le prix Adrian en 1917. Membre résident de la Société de Pharmacie en 1923, secrétaire en 1931 et président en 1952. Officier de l’Instruction Publique, Officier de la Légion d’honneur depuis 1953[ix].

Le 9 mars 1922, c’est Émile Luce (1887-1926) qui propose sa candidature à la Société de Pharmacie et qui ne sera élu que 4 ans plus tard, en 1924. Il était né à Paris en 1887. Après son baccalauréat, il entra à la Pharmacie Centrale de France pour son stage et fut reçu pharmacien en 1911. Très attiré par la Chimie organique, il entra dans le laboratoire de C. Moureu. En 1913,  il est chimiste au « Laboratoire Central d’Etude et d’Analyse des produits médicamenteux et hygiéniques » et fut nommé préparateur aux Travaux Pratiques de 4ème année. La santé fragile de Luce ne lui permet pas d’être mobilisé pour la guerre de 1914. Interne des hôpitaux depuis 1910 à l’hôpital du Bastion 29, il assura aussi le service des hôpitaux voisins, Andral et Claude-Bernard, et maintien en marche le Laboratoire des Fraudes. Il passa sa thèse de doctorat en pharmacie en 1917. Il réussit le concours de pharmacien des hôpitaux en 1920 et fut admis à la Société de Pharmacie en 1924.

Il publia dans le Journal de Pharmacie et de Chimie un certain nombre de travaux, principalement de Chimie analytique et de Chimie organique : essai du chlohydrate de morphine, des solutions de morphine… ; action de l’iodure de méthylène sur la des-diméthylpipéridine (sujet de sa thèse) ; action de l’eau oxygénée sur la spartéine et l’isospartéine ; dosage du camphre dans les préparations de camphre ; dosage de l’allylsenevol dans la farine de moutarde ; dosage de la gomme dans le sirop de gomme officinal ; dosage de l’acide azotique dans le sous-nitrate de bismuth ; note sur la composition d’un fusel et l’origine des acides dans la fermentation alcoolique ; note sur l’essai du phosphate tricalcique ; sur le dosage de quelques médicaments phénoliques, etc. Émile Luce décéda brusquement le 26 juillet 1926. 

Le 15 mars 1922, un nouveau candidat se présente aux suffrages de la Société de Pharmacie de Paris : Maurice, Jules, Abel Bagros (1880-1949). Il fut élu 3 ans plus tard, en 1925. Son dossier de candidature est très sommaire : il était pharmacien de 1ère classe, diplômé à Paris en 1906, et docteur en pharmacie (1910), ex-Préparateur du Cours de Chimie biologique à l’École supérieure de Pharmacie de Paris, ex-Interne des hôpitaux de Paris (médaille d’argent 1905). 

Il avait reçu plusieurs prix : médaille de Bronze 1904 de l’Ecole de Pharmacie, prix des Travaux de microbiologie (médaille d’argent 1905), lauréat de l’Académie des Sciences (Prix Lonchampt 1918), lauréat des hôpitaux de Paris (médaille d’argent 1905). Au moment de sa candidature, Maurice Bagros a mentionné uniquement sa thèse intitulée « Sur le mécanisme de la dénitrication par les bactéries dénitrifiantes indirectes » qui lui avait valu le prix de l’Académie des Sciences. Quelques années plus tard, Bagros publia dans le Journal de pharmacie et de Chimie un article « Considérations sur les analyses médicales » (1924) et une autre sur le laudanum de Sydenham (1928) où Maurice Bagros propose de lui donner le nom de teinture d’opium safrané en lui laissant le sous-titre de laudanum.

Maurice Bagros avait une pharmacie rue d’Auteuil à Paris (16ème) entre 1906 et 1925. Il était également membre de la Société d’histoire de la Pharmacie.

Octave Bailly (1886-1968) se présente à la Société de Pharmacie de Paris en avril 1923 et sera élu membre résident de la Société en décembre de la même année. Il en deviendra le président en 1953. Il était Licencié ès-Sciences physiques, pharmacien de 1ère classe, Ex-Interne des hôpitaux, docteur ès-Sciences physiques et lauréat de la Faculté de Pharmacie (Prix Buignet et Gobley).

En 1923, Octave Bailly avait déjà un nombre important de publications, seul ou en collaboration avec Delaunay ou Grimbert, y compris pendant la Grande Guerre. Ses travaux étaient principalement des travaux de chimie comme « L’action du brome sur les allylphosphates en solution aqueuse… » (1921) ou « Sur l’action de l’épichlorhydrine sur le phosphate neutre de sodium en solution aqueuse et sur la stabilité d’un diéther diglycéro-monophosphorique » (1922). Il avait également publié des revues générales comme « La réalité des molécules et des atomes et les idées modernes sur la constitution de la matière » (1915), ou « La théorie des ions dans ses rapports avec la chimie physique » (1916).

Octave Bailly était pharmacien industriel à Montreuil, 44 rue Armand-Carrel, et commercialisait une spécialité, le Fibrigelase (Laboratoire Octave Bailly, Dictionnaire Vidal 1940). Il s’agissait d’un « hémostatique intégral », une solution de Thrombase pour le traitement des hémorragies « sans aucune contre-indication », par voie orale ou in situ. Par ailleurs, le laboratoire Carrion fabriquait des extraits opothérapiques à Montreuil dans l’usine dirigée puis cédée à Octave Bailly[x]. Le laboratoire Octave Bailly avait été créé en 1930.

Octave Bailly était membre du bureau de la Société Chimique de France de 1945 à 1949 et membre de la Société d’histoire de la Pharmacie. En 1955, il avait été nommé Officier de l’Économie Nationale.

Un nouveau rapport de candidatures est soumis aux membres de la Société de Pharmacie de Paris le 2 mai 1923.

M. F. de Mytténaere est proposé comme membre correspondant étranger. Il était déjà membre correspondant de l’Académie de médecine, secrétaire de la Commission permanente de la Pharmacopée belge.

Ses travaux, échelonnés de 1902 à 1923 portaient essentiellement sur la pharmacie galénique. On trouve nombre de ses articles dans la JPC : L’eau du laurier-cerise, sa composition, sa falsification, son incompatibilité avec les sels alcaloïdes (1910) ; Le dosage de l’essence dans l’eau de laurier-cerise. Action de l’acide cyanhydrique sur les aldéhydes et les cétones. Un nouveau procédé de dosage des aldéhydes (1912) ; Les arsénobenzènes : leur composition, leur toxicité. Un nouveau procédé de dosage de l’arsenic de ses produits (1923) ; Le contrôle officiel des arséno-benzènes : ses résultats au point de vue de la lutte antivénérienne (1924).

Il était inspecteur des pharmacies en Belgique et avait reçu l’Ordre de Léopold

Un autre candidat étranger a été ajouté au dernier moment, M. Oscar Van Schoofs, secrétaire général de la Société de Pharmacie à Anvers. Nous n’avons aucun renseignement à son sujet.

Pour les correspondants nationaux, le premier proposé est M. Léon-Auguste Beauvisage, pharmacien à Montluçon, ancien Interne des hôpitaux de Paris (1905) et docteur en pharmacie et docteur ès Sciences « dont la thèse sur l’étude anatomique de la famille des Ternstroemiacées constitue un. Travail de grande importance qui a été unanimement apprécié ».

Le second candidat qui sera élu est M. Fernand-Joseph Hamel, né le 19 mai 1883 à Vassy (Calvados), pharmacien au Mans (diplômé le 19 novembre 1908), ancien Interne des hôpitaux de Paris (1906), licencié ès Sciences et docteur en pharmacie. Il avait obtenu en 1912 la médaille d’or de la Société de Pharmacie de Paris pour sa thèse consacrée à l’étude de l’action du magnésium sur l’acide monochloracétique. Depuis cette époque, M. Hamel a orienté ses recherches vers la chimie biologique et il a donné deux mémoires portant l’un sur le diagnostic de la fièvre typhoïde à l’aide des émulsions de bacilles tués, l’autre sur le dosage du glucose dans le sang.

Le troisième candidat, M. Raoul Augustin Massy, né à Mont-de-Marsan le 27 janvier 1887. Il était pharmacien-major de 2ème classe à l’hôpital militaire Marie Feuillet à Rabat au moment de son élection à la Société de Pharmacie de Paris. Il était licencié ès Sciences et docteur en pharmacie avec une thèse « Contribution à la recherche d’un procédé simple d’essai de l’examen de la térébenthine » soutenue en janvier 1913 à Bordeaux. Il avait aussi plusieurs autres diplômes et récompenses comme chimiste ou physicien. Il appartenait à plusieurs sociétés savantes : Sociétés de thérapeutique, de pathologie comparée, de médecine militaire, Société d’Experts-Chimiste de France, Société Scientifique d’hygiène Alimentaire, Société d’Histoire de la Pharmacie, Société des Docteurs en Pharmacie.

Depuis 1910, dans de nombreuses publications, il s’était attaché à l’étude des produits pharmaceutiques retirés des conifères et il avait « obtenu des résultats présentant un réel intérêt pratique ». Il avait publié par exemple « sur une nouvelle méthode densimétrique et son application à l’essence de térébenthine des Landes » (1910) ; « Le thermotérébenthomètre de MM. Tortelli et la recherche du pétrole dans l’essence de térébenthine de Pinus Pinaster (1912) ; « Sur l’essence de camphre officinal » (1911).

Au cours de la guerre de 1914, il avait étudié la question de l’épuration des eaux et quelques faits sur l’urologie. Les sujets de ses publications étaient variés : « les laits concentrés et l’alimentation des malades et blessés en campagne (1919) ; « les goudrons végétaux sur le marché de Meknès (Maroc) »(1920) ; Goudron marocain de Cedrus atlantica, préparation indigène, quelques caractères physiques et chimiques (1921), etc. Il était chevalier de la Légion d’honneur (1925), puis Officier (1939) et Commandeur (1950). A cette dernière date, il était Pharmacien général. En 1967, il était devenu président-directeur général de la Société Laboratoires ALF Daniel-Brunet.

Raoul Massy était Commandeur de la légion d’honneur, Croix de guerre 1914-18, Military Cross, Officier d’Académie et Commandeur du Mérite Agricole.

Enfin, le dernier candidat présenté en 1923 est M. Rolland, pharmacien-major de 2ème classe à Rabat, géologue à l’Institut scientifique chérifien. Licencié ès Sciences et lauréat de la Faculté de Pharmacie de Paris, il était membre de plusieurs sociétés savantes. Depuis 1915, il avait publié dans le JPC plusieurs notes concernant l’hydrologie et la géologie.

En 1924, Marcel Mascré (1886-1964) se présente à la Société de Pharmacie de Paris pour être membre résident. Il ne sera élu que deux ans plus tard, en 1926 et deviendra le président de la Société en 1957. Il est né le 14 octobre 1886 à Maizy (Aisne). Il fut reçu pharmacien en 1910 après des études secondaires au collège de Soisson et ses études de pharmacie à Paris. Licencié ès Sciences naturelles en 1912, il devient docteur ès Science sen 1921. D’abord préparateur des Travaux pratiques de Micrographie à la Faculté de Pharmacie entre 1910 et 1926, il devient agrégé en 1926 et est chargé de cours de Morphologie et de Biologie végétale (1930), puis Chef de travaux de Chimie organique (1933). Succédant à Émile Perrot, il devient professeur titulaire de Matière médicale pendant 9 ans. A la mort de Denis Bach, il prend en charge la Chaire de Botanique jusqu’à sa retraite en 1957. Il est par ailleurs pharmacien hospitalier : interne des hôpitaux de 1907 à 1912, il début à l’hôpital Hérold, puis devient pharmacien des hôpitaux en 1919 : pharmacien-chef à l’Hospice d’Ivry, à la Maison de la Santé, à l’hôpital Lariboisière et enfin à l’hôpital Saint-Antoine jusqu’en 1957.

En dehors de quelques travaux de Chimie biologique, Mascré s’intéresse surtout à la Botanique depuis la Cytologie et la Biologie cellulaire jusqu’à la Physiologie et la Matière médicale végétale, avec de très nombreuses publications.

Marcel Mascré était membre de plusieurs sociétés savantes. En plus de l’Académie de Pharmacie, il avait été président de la Société Botanique de France (1958) et de la Société de Thérapeutique (1940-1944). Il était Commandeur des Palmes académiques, Officier de la Légion d’honneur, et Chevalier de la Santé Publique. Marcel Mascré est décédé à Montpellier le 16 juillet 1964

Toujours en 1924, un autre candidat se propose de rejoindre la Société de Pharmacie de Paris, c’est le docteur Jacques Maheu (1873-1937). Il sera finalement élu en 1926. Il était pharmacien de 1ère classe, docteur ès-Sciences, docteur en médecine, ex-chef de laboratoire à la Faculté de médecine, préparateur à la Faculté de Pharmacie de Paris, micrographe expert au Laboratoire central d’Études et d’Analyses (Faculté de Pharmacie) et chef du service bactériologique et micrographique du Service des Fraudes, expert près des tribunaux. Il était également expert adjoint du commissaire du gouvernement pour les contestations en douanes (ministre du Commerce).

Jacques Maheu était botaniste et membre de la Société botanique de France (1906) et de la Société mycologique de France. La plupart de ses publications sont associées à ce domaine : 1) Note sur les champignons observés dans les profondeurs des avens des causses Méjean et Sauveterre (1901) ; La Flore souterraine des cavernes de la Cure (Yonne), Comptes rendus du Congrès des Sociétés savantes (1904) ; Flore des anciennes carrières souterraines de Paris (catacombes) et de sa banlieue, Comptes rendus du Congrès des sociétés savantes (1908) ; Exploration et flore souterraine des cavernes de Catalogne et des îles Baléares, bulletin et mémoires de la Société de spéléologie. T. VIII, n° 67 (mars 1912) ; Lichens de l’est de la Corse (1926), etc.

Jacques Maheu avait reçu plusieurs décorations : Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’Instruction publique, Officier du Mérite agricole, Croix de guerre.

En février 1925, le pharmacien principal en retraite François Rothéa (1868-1951) renouvelle sa candidature de membre résident de la Société de Pharmacie de Paris. Il fut finalement élu en 1926. Il était déjà membre correspondant. Rothéa était pharmacien de 1ère classe de la Faculté de Nancy (1892), Licencié ès-Sciences avec 3 certificats (Chimiegénérale en 1903, Botanique générale en 1913 et Zoologie générale en 1913). Il avait eu une carrière militaire très diversifiée : Élève du Service militaire (Nancy, 1891), pharmacien stagiaire à l’École du Val-de Grâce (1892), il avait été nommé Pharmacien aide-major de 1ère classe à l’hôpital militaire de Méchéria (Algérie en octobre 1893, puis avait gravit les échelons militaires d’abord en Algérie puis à Grenoble. Il faisait partie de nombreuses commissions comme le Comité interministériel des plantes et des essences, ou de la Commission d’alimentation rationnelle du cheval de l’Armée. Il avait été aussi Inspecteur des pharmacies en Algérie.

Pendant la guerre, Rothéa avait été adjoint au Directeur du Service de Santé de la 14ème Région en 1917 puis Directeur du laboratoire de Chimie alimentaire du ministère de la guerre-Service de l’Intendance militaire de 1918 à 1923. Il avait été admis à la retraite anticipée en septembre 1923. Il avait reçu un grand nombre de récompenses et de décorations : Chevalier de la Légion d’honneur (1908) puis Officier (1921), Chevalier du Mérite Agricole (1921), Officier d’Académie (1922), Médaille commémorative de la guerre. Il avait aussi eu plusieurs citations ou reconnaissances comme « les lettres de remerciements et de félicitations du Préfet de l’Isère et du Maire de Grenoble pour avoir assuré le service d’hygiène de la ville de Grenoble, sur la demande du Maire et l’approbation du Général Gouverneur depuis la mobilisation (août 1914) jusqu’à sa nomination au poste d’adjoint au Directeur du Service de Santé (octobre 1915) ».

Rothéa avait publié de nombreux travaux en géologie et hydrologie, alimentation et fraudes alimentaires, chimie biologique, toxicologie et médicaments et bien sûr plusieurs travaux associés à la pharmacie militaire : « la pharmacie militaire dans l’armée allemande pendant la guerre mondiale » (1924), « le rôle d’un pharmacien militaire pendant la guerre comme adjoint au Directeur du Service de Santé dans la zone de l’intérieur » (1922), « historique des conditions requises pour les farines de l’Armée » (1922), « Formulaire pharmaceutique des hôpitaux militaires, analyse » (1910), « Vivres de réserve de l’armée américaine », etc.

Le 12 janvier 1926, Léo-Marie, Alphonse, Paul Bruère (1876-1950) pose sa candidature de membre résident de la Société de Pharmacie de Paris. Il ne fut élu que trois ans plus tard, en 1929. Il était né à Pleumartin, le 11 février 1876. Paul Bruère était pharmacien militaire, Pharmacien Principal de l’armée, ancien chef des laboratoires de l’Intendance (Subsistances et habillement)[1], et chef du Laboratoire de la section technique du Service de Santé. Il était également docteur en pharmacie de l’Université de Paris (1908), docteur ès-Sciences (1919, Université de Besançon) et membre de la Commission de Révision du Formulaire Pharmaceutique des hôpitaux militaires. Il avait aussi été membre de la Commission technique permanente pour l’application de la loi du 1er août 1906 sur la répression des fraudes (1923-1925), et membre de la Commission d’Alimentation rationnelle et économique du cheval de guerre (instituée le 27 octobre 1921) (1923-1925). Sur la même période, il avait été professeur à l’École supérieure de l’Intendance.

Lors de sa candidature en 1926, Bruère fit la liste de ses publications, assez nombreuses. En raison de la guerre de 1914-1918, il avait écrit plusieurs articles sur la défense passive et la protection contre la menace chimique. Sa thèse de doctorat de Pharmacie avait porté sur l’utilisation en pharmacie et analyses des comprimés de substances médicamenteuses et chimiques. Celle de son doctorat ès-Sciences avait pour titre « Contribution à l’étude des dérivés ammoniés du chlorure de Zirconium » et « Hydrosols à micelles métalliques et métalloïdiques ». Ses travaux lui ont vu le prix Montyon en 1934.

Le colonel Paul Bruère était un membre actif de la Société d’histoire de la Pharmacie et avait pris le relais de Balland dont il était le collaborateur pour se consacrer plus spécialement à l’histoire de la pharmacie militaire. Il avait écrit un ouvrage en 1945 intitulé Les laboratoires de chimie du service de l’intendance de 1887 à nos jours[xi]. Paul Bruère est décédé à Paris, le 30 août 1950.

Toujours en janvier 1926, c’est au tour de Charles Lormand (1884-1970) de présenter sa candidature à la Société de Pharmacie de Paris. Il ne sera élu qu’en 1930 et deviendra le président de la Société en 1962. Il est né le 21 juin 1884 à Mantes-la-Jolie. Il était pharmacien (1906), Licencié ès-Sciences, préparateur à la Faculté de Pharmacie de Paris, Chef des Travaux pratiques de 4ème année à la Faculté de Pharmacie de Paris, chimiste au laboratoire de la Commission du Codex et auditeur au Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France. Il avait été également président de la Commission d’Hygiène de l’Union Internationale de Chimie Pure et Appliquée, Correspondant pour la France de l’American Society et membre de la commission des Sérums.

Au moment de sa première lettre de candidature, Lormand avait réalisé des travaux dans des domaines très divers : dosage de l’iode et de l’acide tartrique dans les préparations pharmaceutiques et dans certains produits alimentaires ; pratique de la photographie microscopique ; travaux d’hydrologie sur les eaux minérales et les eaux potables ; hygiène industrielle comme l’emploi des explosifs à air liquide et divers rapport en lien avec l’environnement : poussières, odeurs, fumées, pollution des eaux, etc.

Pendant la guerre de 1914-18, Lormand avait d’abord été pharmacien des ambulances puis chef de laboratoire de la 18ème armée, puis chef de laboratoire de la 79ème division d’infanterie et finalement rappelé en 1915 au laboratoire de Lebeau sur les gaz. Il avait été envoyé aux Etats-Unis pour ce sujet.

Par la suite, Lormand était devenu directeur du laboratoire national de contrôle des médicaments. Il était membre de la Société de Chimie, de la Société de Chimie biologique et de la Société des experts chimistes. Il était Officier de la Légion d’honneur, Officier de l’Instruction Publique, Officier de la Santé publique, et Officier du Mérite agricole.

Léo, Gabriel Toraude (1868-1945) pose sa candidature à la Société de Pharmacie de Paris le 3 février 1926 et sera élu la même année. Il fut par la suite Vice-président de la Société d’histoire de la Pharmacie. Sa biographie a été publiée dans notre Revue[xii].

Également en février 1926, Félix, Henri Martin (1885-1969) se présente aussi en 1926 à la Société et en deviendra par la suite président en 1960.  Il était docteur en Pharmacie, licencié ès-Sciences, ancien Interne des hôpitaux de Paris (médaille d’argent 1914), membre résident de la Société Chimique de France depuis le 25 avril 1913 et membre de la Société de Chimie Biologique (1921). Il avait aussi reçu le diplôme d’Essayeur de la Monnaie. Félix Martin avait été récompensé à plusieurs reprises : médaille d’Or de la Société de Pharmacie (Prix des thèses Sciences physiques et chimiques en 1921), médaille d’argent de l’Internat. En 1922, il avait été admissible au concours de Pharmacien des Hôpitaux.

Mobilisé pendant la Grande Guerre comme pharmacien aide-major de 2ème classe, puis de 1ère classe, et enfin major de 2ème classe, il avait occupé pendant 3 ans le poste de chef de laboratoire de toxicologie dans un groupe de brancardier divisionnaires. Il avait été distingué de la Croix de guerre en 1916. Il appartenait au Cadres de Réserve.

Felix Martin, lors de sa candidature, avait présenté un certain nombre de travaux en lien avec la guerre comme « Sur les caractères analytiques de l’Ypérite, en septembre 1920. Il avait également publié sur des réactions chimiques : 1) préparation et étude de l’isoamylcamphre…(1920) ; 2) Sur la préparation de l’alcool isoamylique par la méthode de Pasteur (1920) ; 3) dosage par acétylation du bornéol et de ses dérivés alcoylés (1921), etc.

Nous avons deux autres candidats à la Société de Pharmacie de Paris : Henri, François, Louis Coutière (1868-1952) (élu en 1926) et Léon Launoy (1876-1971) (élu en 1927). Le dossier de Henri Coutière, professeur de zoologie à la Faculté de Pharmacie de Paris est entièrement vide. C’est aussi le cas celui du professeur Léon Launoy, qui deviendra président de la Société en 1959. Henri Coutière a bénéficié d’une biographie dans notre Revue[xiii], de même que Léon Launoy[xiv]

C’est aussi en 1926 que se présente René Hazard (1886 -1974) qui sera élu 3 ans plus tard, en 1929 et deviendra président de la Société de Pharmacie en 1961. René Hazard est né à Armentières (Nord) le 21 avril 1886. Il était pharmacien de 1ère classe (Lille, 1909), Licencié ès Sciences (1906-1911), Interne en Pharmacie (1911), docteur en médecine (1925) et docteur ès Sciences naturelles (1939). Il fut pharmacien des hôpitaux de 1920 à 1957. Professeur agrégé de Pharmacologie (1930), puis titulaire de la Chaire de Pharmacologie à la faculté de Médecine de 1944 à 1957. Il était aussi Directeur du Laboratoire de Biologie expérimentale à l’Ecole des Hautes Études en 1957.

Les travaux de René Hazard ont donné lieu à plus de 400 notes à l’Académie des Sciences, à la Société de Biologie, aux Archives Internationales de Pharmacodynamie et Thérapie, etc. principalement en pharmacodynamie. Ces travaux originaux couvrent trois domaines : 1) la Physiologie pure et appliquée ( action adrénalinogène de l’ion potassium ;  enzyme hydrolysant la procaïne ; rapport fonctionnel entre le Pancréas exocrine et le Pancréas endocrine) ; 2) la pharmacodynamie proprement dite (Pharmacodynamie générale et Rapports entre la constitution physicochimique des molécules actives et leur action physiologique) 3) Pharmacodynamie appliquée à la médecine et à la chirurgie (Procaïne, Spartéine, Digitaline, produits synthétiques nouveaux et techniques pharmacologiques utilisées en pathologie)[xv]

René Hazard avait reçu plusieurs distinctions : Croix de guerre 1914-1918 en 1915, Lauréat de l’Académie Nationale de Médecine (1915), Membre de la Société de Pharmacie de Paris (1929) et de l’Académie de Médecine (1945), Commandeur de la Légion d’honneur. Il avait également reçu le Prix Parkin (1933) et le Prix Dugas (1955) de l’Académie des Sciences ainsi que le Prix Potain de l’Académie Nationale de Médecine (1915).  René Hazard est décédé à Paris, le 27 février 1974[xvi].

En 1927, un rapport présenté à la Société de Pharmacie de Paris propose la candidature de plusieurs membres correspondants nationaux :

M. Morel, le Lyon, pharmacien, docteur ès-Sciences , docteur en médecine, professeur de chimie organique et de toxicologie à la Faculté de Lyon. Il avait publié le « précis de technique chimique à l’image des laboratoires médicaux ».

M. Léon Gros de Clermont, professeur suppléant de l’Ecole de Clermont, fondateur et directeur du laboratoire municipal de la ville. Ses travaux ont porté sur l’hydrologie et sur la chimie analytique : analyse des laits, analyse de l’acide phosphorique, caractérisation des alcaloïdes. Il avait inventé un certain nombre d’appareils de laboratoire comme une « balance à évaporation continue et à extinction automatique », créée spécialement pour l’analyse des eaux, une « étuve à air chaud à plateaux tournants», et « une étuve à cultures dont la source de chaleur s’éteint automatiquement à l’heure souhaitée ».

M. François-Jules Aloy (1866-1928), pharmacien, docteur ès Sciences, docteur en médecine, qui occupait la chaire de chimie à la Faculté de Toulouse. Ses recherches ont porté sur des sujets de chimie organique et de chimie minérale. En chimie minérale, M. Aloy a étudié la préparation de nombreux sels uraneux, uraniques et de composés bismuthiques pour sa thèse de doctorat ès-Sciences en 1901). Les travaux de chimie organique ont abouti à la préparation d’homologue de la tyrosine et de cyanhydrines benzoylées d’aldéhydes et alcools. Il avait également des travaux de chimie biologique destinés à élucider le rôle du calcium et du magnésium dans l’organisme (pour sa thèse de doctorat en médecine à Toulouse en 1897).  Aloy contribua activement à l’organisation de l’Institut d’hydrologie et de climatologie de Toulouse. Il est décédé en 1928.

Ses titres et travaux ont été publiés en 1913 (Bonnet imp., Toulouse, 1913) et nous permettent d’en savoir un peu plus sur Jules Aloy. Né à Saint-Sardos (Lot et Garonne) le 26 août 1866, il était pharmacien de 1ère classe (1912), Licencié ès-Sciences mathématiques (1889), licencié ès-Sciences physiques (1891), Docteur ès-Sciences physiques (1901) et Agrégé de chimie en 1904.  Aloy fut d’abord professeur délégué au Collège de Saint-Gaudens (1891), préparateur à la Faculté des Sciences de Toulouse (1891), chargé de conférences de Chimie minérale à la Faculté de médecine et de pharmacie de Toulouse (1901-1904), chargé d’un cours e Chimie biologique (1901-1913), Agrégé de Chimie et Chef des travaux de Chimie (1904-1912), Chargé de cours de Chimie (1Er novembre 1912).

Nous avons vu précédemment qu’il a réalisé de nombreux travaux de chimie minérale, de chimie organique et de chimie biologique. Les sujets étaient parfois très originaux comme « l’existence dans l’œuf de poule d’un ferment réduisant les nitrates » ou « la précipitation des alcaloïdes par les sels d’uranium : réaction de la morphine ». Il avait également publié une note sur la géophagie[2] où il avait réalisé l’analyse de terres comestibles rapportées de Bolivie par la mission Crequi-Montfort et exposé les causes de la géophagie et l’action physiologique des terres comestibles. Il avait aussi collaboré au traité de chimie minérale de Moissan.

En 1913, il était Officier d’Académie (1902) et Officier de l’Instruction publique (1907). Aloy était membre correspondant et ancien président de la Société Chimique, membre de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, membre honoraire de la Société de Pharmacie du Sud-Ouest et membre correspondant de la Société de Pharmacie de Paris. Jules Aloy est décédé à Toulouse, le 2 avril 1928.

Adrien Leclère, pharmacien à Lille, a été préparateur du cours de chimie biologique à la Faculté de Pharmacie de Paris. Il publia de nombreuses notes dans le Journal de Pharmacie et de Chimie (JPC), parfois en collaboration avec le professeur Grimbert. « Ces travaux ont eu pour principal objet le dosage d’un certain nombre d’alcaloïdes : atropine, strychnine, la recherche de la morphine, le dosage de l’azote urinaire, du fer, la recherche de l’acide azoteux et du phosphore. ». On trouve de très nombreux autres travaux dans le JPC entre 1912 et 1920.

M. Ferdinand Richard (1877-1961), pharmacien supérieur, était professeur à l’École de médecine et de pharmacie de Rouen. Après avoir étudié les combinaisons de l’acide borique et du bismuth avec certains phénols, M. Richard a publié dans le JPC un certain nombre de travaux relatifs au dosage de l’acide iodhydrique dans la teinture d’iode, ; au titrage des iodures solubles ; au dosage de la résorcine ; à la préparation des dérivés iodés des phénols et de très nombreux autres travaux. On lui doit par exemple un essai des comprimés (1919 ; Cannelles et quinquinas de mauvaise qualité (1924) ; Note sur les essais de la vaseline officinale, de la vaseline liquide, de la paraffine, de l’éther de pétrole, action de l’acide sulfurique à froid (1923), etc.

Toujours en 1927, c’est Charles Bedel 1889-1967) qui sollicite les suffrages des membres de la Société de Pharmacie de Paris. Il sera élu en 1931. Sa biographie a été publié dans notre Revue en 1971[xvii]. Il deviendra président de la Société en 1964.

Georges, Henri Barthet (1879-1943) se présente à la Société de Pharmacie en mars 1928 et sera élu cette année-là. Il est né le 20 septembre 1879 à Epernay (51) et décédé à Paris le 25 août 1943. Pharmacien de 1ère classe à Paris, il était pharmacien d’officine au 1 rue de Phalsbourg (17ème) depuis le 1ère janvier 1909 (et jusqu’en 1925). Il sera élu en 1929. Il appartenait à de nombreuses sociétés : président honoraire de l’Association générale des Syndicats pharmaceutiques de France, président honoraire de la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine, président de la Caisse Mutuelle pharmaceutique des retraites, vice-président de la Fédération Internationale Pharmaceutique (FIP), Vice-président de la Société des Amis de la Faculté de Pharmacie de Paris et président de la Commission des finances de cette société, vice-président de la Société Mutuelle d’assurances contre les accidents en pharmacie.

Il était par ailleurs membre de la Commission du Codex, membre de la Commission technique permanente de la répression des fraudes, membre de la commission supérieure de surveillance et de contrôle des soins gratuits aux mutilés et réformés de guerre, membre de la Commission d’admission des spécialités pharmaceutiques à l’Assistance médicale gratuite, membre du Comité disciplinaire de la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine et ancien président de ce comité, membre du Conseil général de la Fédération des Sociétés pharmaceutiques d’arrondissement de Paris et de la Seine, membre de la Commission intersyndicale d’arbitrage de la Règlementation des spécialités pharmaceutiques.

Georges Barthet était pharmacien major de 2ème classe de Réserve.

En décembre 1928, Loiseau se présente aux suffrages des membres de la Société de Pharmacie. Nous avons peu d’information le concernant. Il était pharmacien, ancien Interne des hôpitaux de Paris (1894), préparateur de la Faculté de Pharmacie de 1895 à 1900. Il était par ailleurs membre de la Commission du Codex depuis 1912 et co-auteur du Formulaire thérapeutique Lyon et Loiseau paru d’abord. En 1913 puis, pour sa 14ème édition, en 1927. Il avait reçu plusieurs récompenses dont la Médaille d’or des hôpitaux (1898) et avait été lauréat de l’École de Pharmacie en 1893 et lauréat des hôpitaux en 1895. Nous n’avons pas trace de son élection.

En 1929, plusieurs candidats sont présentés pour être correspondants nationaux ou étrangers de la Société de Pharmacie de Paris :

Tout d’abord, M. J-E. Lobstein (1878 ou 79-1936), docteur en pharmacie, professeur de toxicologie à la faculté de pharmacie de Strasbourg, et lauréat de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine[xviii].

Ernest Lobstein est né à Rougement le 28 août 1878[3] et se destinait à la carrière militaire : reçu en 1901 à l’École du Service de Santé militaire de Lyon, il en sortait en 1904 avec le grade de pharmacien aide-major et entrait à l’École d’Application du Val-de-Grâce. Sa santé fragile l’obligea à quitter l’armée[xix]. Formé à l’Institut Pasteur, il devint chef de laboratoire du Sanatorium Villemin à Angicourt jusqu’en 1919 et commença un travail sur le bacille tuberculeux. La guerre de 1914 l’amène à s’engager entre 1915 et 1918 où il tient les postes de pharmacien régimentaire puis de chef de laboratoire de toxicologie et d’officier gazier de la 63e division. Cela lui vaudra 3 citations, la croix du combattant et la Légion d’honneur.

Après la guerre, il vient seconder le doyen Jadin à Strasbourg et prend le poste de chef des travaux de Chimie et de Pharmacie pendant 8 ans. Par ailleurs, il était reçu en 1922 docteur ès-Sciences naturelles. Dès 1921, il avait été chargé de cours d’Hydrologie et d’Hygiène et de Toxicologie et était devenu professeur sans chaire en 1927. En 1928, il prit la chaire de Matière médicale puis la fonction de doyen en 1932.

Ses recherches sur le bacille tuberculeux, sa nutrition, sa constitution chimique et l’influence de la composition du milieu environnant. Depuis sa nomination à la chaire de Matière médicale, il s’était orienté vers la phytochimie, la chimie biologique, la pharmacologie. Ces travaux ont été couronnés par l’Académie de médecine en 1921 et 1932, et par l’Académie des Science en 1924. Il était devenu membre correspondant de la Société de Pharmacie de Paris en 1929 et de l’Académie de médecine en 1935. Il était par ailleurs Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre, et délégué officier du ministère de la Santé Publique après de la Chambre des pharmaciens d’Alsace et de Lorraine.

Le deuxième candidat est M. Payet, professeur à la faculté de médecine et de pharmacie de Lille.

Nous avons également comme candidat Louis Bernard Guérithault (1883-1979), pharmacien supérieur et professeur à l’Ecole de plein exercice de Nantes. Sa biographie a été écrite par notre collègue pour sa thèse de pharmacie en 2018[xx]. Il est né le 29 octobre 1883 à La Haye-Descartes, dans l’Indre et Loire. Il est reçu pharmacien de 1ère classe en 1911 à Paris. Il prit alors différentes fonctions à Paris : chef du Laboratoire central d’étude et d’analyse des produits médicamenteux et hygiéniques, préparateur des travaux pratiques de chimie analytique de l’École Supérieure de Pharmacie de Paris, et chimiste au laboratoire de la Répression des Fraudes. Il devint professeur suppléant de la chaire de chimie à l’École de médecine et de pharmacie de Nantes. En 1926, il a été chef de travaux pratiques de pharmacologie avant de venir en 1927 professeur de matière médical et chef de travaux de micrographie, jusqu’en 1954. Il était par ailleurs chargé de cours à l’Institut Polytechnique de l’Ouest en 1919, enseignant à l’École Régionale d’infirmières de 1922 à 1954, et inspecteur des pharmacies de 1914 à 1946. Il fut aussi pharmacien-chef des hôpitaux de Nantes de 1926 à 1948.

Il fut mobilisé pendant la Grande Guerre et cité à l’ordre de la division en octobre 1917. Après plusieurs fonctions, il fut finalement affecté au laboratoire de Lebeau jusqu’en juin 1918, où se traitait le problème des protections contre les gaz de combat.

Sa thèse, soutenue en 1927 est intitulée : « Recherches sur la présence du cuivre chez les végétaux et dans l’organisme humain à l’état normal et à l’état pathologique (cancer) ».

Le professeur Guérithault est décédé le 16 mars 1979 à Nantes.

Autre candidat : Charles Laurent (1869-1935), professeur à l’École de plein exercice de Rennes. Il est né le 22 janvier 1869 à Rennes. Il a eu de nombreux titres : pharmacien-chef des hospices de Rennes, membre du Conseil départemental de l’hygiène mais il avait aussi plusieurs fonctions politiques :  Conseiller municipal (1896) puis adjoint au maire en 1908, il était aussi membre de la Commission de l’aménagement des villes et des villages, de la Commission se surveillance de l’École régionale des Beaux-Arts, membre de la Commission de surveillance du Conservatoire, président du Comice agricole du canton Sud-Est. Il avait reçu le grade de chevalier de la Légion d’honneur et d’Officier de l’Instruction Publique.

On trouve à la Bibliothèque de Pharmacie de Paris une note beaucoup plus complète sur Charles Laurent[xxi].  Dès l’obtention de son baccalauréat en 1889, il est nommé répétiteur au collège de Château-Gontier, le 12 novembre 1889, jusqu’en avril 1893, date à laquelle il devient répétiteur titulaire au Lycée de Lorient. En mai 1893, il revient à la Faculté des Sciences de Rennes en qualité de préparateur de Chimie au laboratoire du professeur Lechartier, et obtient en octobre 1893 sa licence ès-Sciences physiques. Il s’inscrit le 12 novembre 1893 comme stagiaire en pharmacie chez M. Lavoué. En parallèle, il se présente au concours de professeur suppléant de physique et de chimie pour l’École de médecine et de pharmacie de Rennes, et il fut nommé professeur suppléant le 1er janvier 1896. Il obtint son diplôme de pharmacien de 1ère classe en juin 1900. Il passa sa thèse de Pharmacien supérieur le 10 janvier 1901 et devint professeur titulaire de la Chaire de Pharmacie de 1er novembre de la même année. Il passa ensuite son doctorat ès-Sciences le 11 juin 1908. Le 7 février 1912, il changea de fonction et prit la chaire de chimie générale qu’il va enseigner jusqu’au 24 février 1921, puis prit en charge l’enseignement de la Pharmacie jusqu’à son décès. Le 26 janvier 1928, il avait pris la direction des Travaux pratiques de 4ème année. Il était par ailleurs inspecteur des pharmacies dans les départements associés à l’École de Rennes.

Les travaux de Charles Laurent ont été nombreux. Sa thèse avait porté sur « l’action du sulfate chromeux sur les sulfates métalliques ». Pour son doctorat ès-Sciences concernait « l’étude sur les modifications chimiques que peut apporter la greffe dans la constitution des plantes ». Il reçu plusieurs récompenses : Palmes académiques (avril 1903), Officier de l’Instruction Publique (juillet 1908), Chevalier de la Légion d’honneur (1er janvier 1921). Recevant des étudiants tunisiens en 1932, il fut nommé Officier du Nitcham Iftikar.

M. Roy était également candidat. Pharmacien à Clermont-Ferrand, docteur en pharmacie (thèse sur le pH des solutions injectables) et lauréat de la Société de Pharmacie (Prix Vigier).

Raoul Gros est le dernier candidat cette année-là pour un poste de correspondant national. Il était pharmacien à Clermont-Ferrand, docteur en pharmacie (Thèse sur le dosage des aldéhydes) et auteur de plusieurs notes présentées à la Société de Pharmacie.

Pour ce qui concerne les étrangers, le rapport de 1929 en propose 4 :

Alfred Lendner (1873-1948), professeur de pharmacognosie à Genève (Suisse) ; botaniste et mycologue. Il est né à Genève le 23 mars 1873. Fils de pharmacien, il suit la même voie et devient pharmacien à 24 ans. En 1897, il présente une thèse de doctorat faite à l’Institut de Botanique, intitulée : Des influences combinées de la lumière et du substartum sur le développement des champignons. Il devient assistant de Robert Chodat puis chef des travaux à l’Institut de Botanique. En 1908, il publia une monographie sur les Matériaux pour la flore cryptogamique suisse. Au total, il réalisa 90 publications dont un mémoire publié à Bern en 1906 : « Répartition des plantes ligneuses croissant spontanément dans le canton de Genève ». Robert Chodat proposa Alfred Lendner pour une chaire de pharmacognosie dès1906. Les eux collègues vont organiser l’École de Pharmacie de Genève. A partir de 1921, Lendner crée un laboratoire autonome qu’il administra de 1934 à 1939. Le 25 mars 1939, Alfred Lendner devient professeur honoraire[xxii]. Il avait été aussi enseignant au collège et à l’école d’horticulture.Il est décédé dans sa ville natale le 7 janvier 1948.

M. Wallner, professeur de pharmacie galénique à l’Université de Reval (Estonie). Nous n’avons aucune information sur ce membre correspondant étranger.

Alfred Laurence, directeur de l’École de Pharmacie et professeur de pharmacie galénique à l’Université de Montréal (Canada). Il s’agit Alfred-J. Laurence qui est l’un des fondateurs en 1906 de l’École de pharmacie qui deviendra la Faculté de pharmacie en mai 1942. Il est le premier doyen de la Faculté de pharmacie.

Il restera professeur de pharmacie galénique, chimique et de titrimétrie pendant 42 ans. À une époque où la recherche pharmaceutique en est encore à ses balbutiements, il poursuit des activités de recherche qui l’amènent à publier ses résultats dans le Journal de pharmacie et de chimie de Paris. Il reçoit le titre de docteur en pharmacie de l’Université de Montréal en 1940.

Il exerce sa profession de pharmacien de 1892 jusqu’à 1935, à proximité de l’Université de la rue St-Denis.

Patrick Linstead (H.N.) (1902-1966), pharmacien chimiste, avocat, secrétaire de la Société de pharmacie de Grande Bretagne. Il est né le 28 août 1902 à Southgate à Londres (Son père travaillait chez Burroughs Wellcome). En 1920, il rejoint le collège Impérial puis réalise une thèse. En 1929, il tient le poste de démonstrateur puis de « lecturer » au même collège. En 1938, il est professeur de chimie à l’Université de Sheffield. Il reçu la médaille de Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique. Sir Patrick Linstead mourut le 22 septembre 1966. 


[1] C’est en 1891 qu’Antoine Balland a organisé aux Invalides le « laboratoire de chimie de la section technique de l’Intendance », dirigé après lui par les pharmaciens principaux Wagner, Manget, de nouveau Balland, Rothéa, Bruère, Gaillard, Massy et Préceptis, et d’autres par la suite.

[2] Depuis des temps reculés, l’homme mange de la terre, sur l’ensemble des continents. Cette pratique a été particulièrement étudiée chez les Indiens d’Amérique du Nord et les Africains-Américains. L’argile fait partie de certaines recettes culinaires pour diminuer l’effet de certains alcaloïdes.

[3] Certains biographes comme Gabriel Humbert situent sa naissance le 29 août 1879 à Besançon !


[i] Bourbon Pierre. Le doyen René Fabre. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 72ᵉ année, n°262, 1984. pp. 336-339.

[ii] Henry Penau, par Paul Bellet, dosssier biographique, BIU Pharmacie, Paris

[iii] Weitz René. Question XIV, (posée par M. Guitard). Rapports de la pharmacie avec le théâtre. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 48ᵉ année, n°167, 1960. p. 459

[iv] Percheron François. 1780-1980 : deux siècles de travaux des pharmaciens parisiens sur la chimie et la biochimie des glucides. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 84ᵉ année, n°312, 1996. Actes du XXXIe Congrès International d’Histoire de la Pharmacie (Paris, 25-29 septembre 1995) pp. 440-442.

[v] Guitard Eugène-Humbert. La Gazette. In: Bulletin de la Société d’histoire de la pharmacie, 12ᵉ année, n°43, 1924. pp. 398-400.

[vi] Le doyen honoraire Yves Volmar. Annales Pharmaceutiques Française, tome 20, avril 1962 : 392-401.

[vii] Titres et travaux de A. Grigaut. https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/page?110133x256x06&p=3

[viii] Dillemann Georges. Le Docteur René Weitz, membre d’honneur de la Société d’Histoire de la Pharmacie (1882-1984). In: Revue d’histoire de la pharmacie, 72ᵉ année, n°263, 1984. pp. 411-414.

[ix] Georges Dillemann. Marius Picon. Produits et problèmes pharmaceutiques, vers 1970

[x] André Frogerais. Les médicaments opothéapiques. 2023. hal-04058877

[xi] Guitard Eugène-Humbert. Les laboratoires de chimie du service de l’intendance de 1887 à nos jours : Paul Bruère, Les laboratoires de chimie du service de l’Intendance. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 33-34ᵉ année, n°115, 1945. p. 29.

[xii] Guitard Eugène-Humbert. Les historiens du jour : V. : L.-G. Toraude. In: Bulletin de la Société d’histoire de la pharmacie, 7ᵉ année, n°24, 1919. pp. 134-136.

[xiii] Chaigneau Marcel. Une visite à la Faculté de Pharmacie de Paris : souvenirs de quelques-uns de ses maîtres. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 73ᵉ année, n°265, 1985. pp. 99-112.

[xiv] Théodoridès Jean. Un pharmacien pluridisciplinaire : le Pr Léon Launoy (1876-1971). In: Revue d’histoire de la pharmacie, 84ᵉ année, n°312, 1996. Actes du XXXIe Congrès International d’Histoire de la Pharmacie (Paris, 25-29 septembre 1995) pp. 452-453.

[xv] René Hazard. Titres et Travaux, 1965, imp. Nicolas, Niort.

[xvi] Jean Cheymol. Éloge de René Hazard. Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, 1er novembre 1974 : 587-596.

[xvii] Dillemann Georges. Charles Bedel (1889-1967). In: Revue d’histoire de la pharmacie, 59ᵉ année, n°208, 1971. pp. 329-334.

[xviii] J.-E. Lobstein. Journal de Pharmacie d’Alsace et de Lorraine, mars 1936.

[xix] J.E. Lobstein. Journal de Pharmacie et de Chimie, 1936, 23, 636-638.

[xx] Bastien Delattre. Contribution à l’histoire de l’UFR des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Nantes : l’École de plein exercice pendant la Première Guerre Mondiale. Sciences de l’Homme et Société. Université de Nantes, Unité de Formation et de Recherche de Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, 2018. Français. NNT : 2018NANT033P. tel-03321277

[xxi] Le professeur Charles Laurent. Allocution prononcée le 6 mars 1936 par René Tiollais.

[xxii] Alfred Lendner, par Fernand Chodat. Archives des sciences (1948-1908), 1, 1, 1948 : 175-177.

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