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Les marques pharmaceutiques insolites (1857-1920)(2)

Dans une première exposition, nous avons découvert les marques associées à Notre-Dame de Lourdes. Parmi les marques insolites, nous allons voir maintenant celles associées au Champagne, très nombreuses surtout à la fin du XIXe siècle. Le premier à se lancer dans ce domaine est le pharmacien Joseph Alexandre Vicario (1860-1925) qui donnera son nom au laboratoire pharmaceutique quelques années plus tard. Il était installé 13 boulevard Haussmann à Paris et avait été diplômé en 1886. C’est cette même année 1886 qu’il dépose 13 marques à base de Champagne :

Marque « Champagne Laxatif » (1894)

Pepsi-Champagne, Champagne digestif, Champagne pepsique, Champagne pepsine, Pepsine de Champagne, Pepsine Champagne, Champagne à la pepsine, Peptone de Champagne, Champagne à la peptone, Champagne peptone, Champagne nutritif, Pepsi mousseux, Champagne laxatif et Champagne purgatif. Alexandre Vicario fut admis à la Société de Pharmacie de Paris en 1908 et commercialise plusieurs spécialités pharmaceutiques. Dans le dictionnaire Vidal de 1914, on trouve par exemple l’Aspirine Vicario, le Bibromure Vicario, ou encore le Curgol Vicario.

Quelques années plus tard, deux autres pharmaciens vont s’intéresser au Champagne. Arthur Lafont, pharmacien à Dijon prend la marque Kola Champagne le 10 août 1894. Quelques jours plus tard, le 17 août 1894, le pharmacien Charles Costhelay, à Paris, dépose trois marques : Kola Champagne, Kola Wine, et Kola Bitter.

La même année 1894, une autre pharmacien de Paris dépose deux marques : le Maté Champagne (Douglas) et le Maté Vermouth (Douglas). Né en 1850 et diplômé en 1874, Walter Hogg était installé 62 avenue des Champs Élysées dans le 8ème arrondissement. Douglas Hogg avait publié dans le Journal de Pharmacie et de Chimie sur la préparation de l’acide bromhydrique médicinal. Membre de la Société de Pharmacie de Paris depuis 1883, il avait aussi reçu une médaille d’argent à l’exposition universelle de 1890.

Marque Maté Champagne (Douglas) (1894)
Marque Champagne eupeptique (1896)

En 1895, toute une série de marques est déposée par un pharmacien d’Epernay, Charles Remy avec un négociant en vin de Champagne, M. Choubry. Tous les deux déposent 12 marques : « Pepsine Champagne », « Pepto-Champagne », « Digestif Champagne », « Champagne à la pepsine », « Champagne eupeptique » (mis au point avec la maison Choubry Frères, « Pepsique Champagne », « Vin Grand Mousseux à la Pepsine », « Vin grand Crémant à la Pepsine », « Vin Pepto Champagne », « Champagne antidyspeptique », « Champagne antigastralgique » et « Champagne de Santé ».

Quelques mois plus tard en 1896, Charles Remy complète avec trois autres marques : « Champagne eupeptique » (déjà protégé) mais avec une illustration, « Champagne phosphoglycérique » et « Champagne glycérophosphaté ». Cela ne semble pas arrêté les projets de nouvelles marques !

A quelques semaines d’intervalle, la même marque « Champagne Vert-Galant » est déposé d’une part par un représentant de commerce, Henri Pillot, de Paris, en mai 1896, et d’autre part par le professeur Philippe Mingaud, pharmacien à Paris, en juin 1896. Né en 1820, Philippe Mingaud avait été diplômé en 1846 à Montpellier. Il s’était d’abord installé dans la sud de la France avant de venir à Paris en 1858. Durant la guerre de 1870-71, il était aide-major de 1ere classe, directeur du service médical et pharmaceutique des ambulances du 104e régiment de mobiles à Rodez.

Marque Champagne Vert-Galant (Mingaud, 1896)

A Paris, Mingaud était pharmacien des prisons de la Seine et Commissaire-général de l’exposition des arts industriels, chargé de mission scientifique à Londres. Il avait reçu en 1894 la Médaille d’honneur de la Société d’encouragement au bien de Paris.

Marque Magnésie Champagne (1897)

En 1897, deux nouveaux pharmaciens vont s’intéresser au sujet : Gaston Donnezon, pharmacien à Paris, dépose « Laxatif Champagne, le plus agréable des purgatifs salins ».

Et Charles Gustave François Fievet (1847-1925), successeur de Lebault, 53 rue Réaumur à Paris, dépose la marque « Magnésie Champagne ».

L’année suivante, en 1898, Frédéric Monvenoux, pharmacien à Lyon, dépose 10 marques différentes à base de Champagne :

« Champagnes médicamenteux et médicinaux », « Champagne antianémique », « Champagne laxatif », « Champagne digestif », « Champagne réconfortant », « Champagne antidiabétique », « Champagne purgatif », « Champagne tonique », « Champagne apéritif de Baumé », et « Champagne réconfortant de Fowler ».

En 1900, il complétera la série avec la marque « Kina Champagne ou Quina Champagne »

Marque « Champagnes médicamenteux ou médicinaux » (1898)
Marque « Papaï-Champagne » (1899)

Un autre pharmacien de Paris, bien connu, dépose en 1899 la marqua Papaï-Champagne. Il s’agit de Charles Couturieux (1871-1954), installé 3 rue Washington. Couturieux va très rapidement créer un laboratoire pharmaceutique qui perdurera jusqu’en 1960. Il mettra au point de nombreux médicaments (https://www.shp-asso.org/couturieux/). Voir aussi l’article de Cécile Raynal https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2011_num_98_369_22308.

Avec tout ces dépôts de marques, on pourrait penser que tout est dit ! Mais on est loin du compte. En 1901, le pharmacien Bruant, de Dijon, dépose la marque « Kola-Mousseux, toni-antidéperditeur au Champagne ». la même année, Milliet, pharmacien à Clermont-Ferrand dépose « Cordial Champagne », et Vicario « Pepsi-Champagne ». Toujours en 1901, la marque « Pseudo-Champagne est déposée par Eugène Ludovic Hauvespré, pharmacien à Courville, et Fernand Michel, négociant à Orange dépose « Kina Champagne, le plus agréable et le plus fortifiant des apéritifs » et « Kina Mousseux » (avec le titre « Grands vins de Champagne »).

Marque Kola Mousseux (1901)

En 1903, un pharmacien de Saint-Florent (Cher), Marcel Benoît, dépose deux marques : « Champagne purgatif de Chalandrey  » et « Champagne de Chalandrey ». En 1903, le pharmacien François Monvenoux, lauréat de la Faculté de Médecine de Paris, que nous avons déjà rencontré en 1898, redépose les mêmes marques mais y ajoute le « Champagne Dynamophore ». Toujours en 1903, Charles Barrat, de Paris, dépose 6 marques : « Champagnes opothérapiques », « Champagne organique », « Champagne toni-organothérapique », « Champagne toni-organique », « Champagne Brown-Sequard. »

L’année 1906 enrichit encore ces marques de Champagne médicinaux avec le dépôt par un négociant-distillateur de Rochefort, Gallin Martel, d’un apéritif fébrifuge, le « Quina-Champagne ». Francisque Ciotte, de Paris, dépose de son côté la même année le « Champagne purge », « la purge au Champagne », et « le Champagne purgatifs des Docteurs ». Labrousse, de Bourgeneuf, dépose aussi le Quinium Champagne. Mais le maximum arrive en 1907 avec le dépôt par Arthur Lafont, pharmacien à Dijon, de 11 marques. Il ajoute au Kola Champagne déposé en 1998 « Quina Champagne », « Kina Champagne », « Coca Champagne », etc.

Marque Champagne Phosphaté (1903)
Marque Pepto-Champagne (1908)

Le Pharmacien A. Beaudrouet, de Neuilly-Paris prend la marque « Pepto-Champagne , toni-nutritif », en 1908. La même année, un lithographe d’Epernay, Georges Lagarde, prend la marque « Champagne Quinquina du Docteur A. Lefilliatre ». Plusieurs autres marques sont déposées en 1910 : Un négociant à Paris, E.T. Pearson, prend les marques Toni-Champagne et Toni-Mousseux accompagnées de plusieurs dessins d’épées dans diverses positions. Un certain M. Deton, la même année, prend les marques « Champagne de la Santé » et « Champagne des docteurs ». Et toujours en 1910, le docteur Dupré, de Paris, dépose la marque « Champagne médicinal, formule du docteur Dupré ».

Marque Quinquina-Damoy (1913)
Marque Toni-Champagne (1910)

Les dernières marques sont déposées entre 1913 et 1916. La Société anonyme « SA des Établissements Julien Damoy » dépose en 1913 la marque « Quinquina-Damoy », produit préparé au « vin de Champagne à sa maison de Reims ». En 1914, Couturieux redépose la marque « Papaï-Champagne ». Enfin, en 1916, Auguste Renaude dit Gabriel, pharmacien à Paris, rue des Abbesses, dépose la marque « Phospho Champagne ». On le trouve plus de marque ensuite jusqu’en 1920. Il faut souligner que pour certains de ces produits, la mention « ce vin n’est pas un médicament » est indiqué même si la marque est déposée dans la catégorie « produit pharmaceutique ».

Source des marques : INPI (Libre de droit)

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