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Les marques pharmaceutiques insolites (1857-1920)(1)

Entre 1857 et 1920, un nombre impressionnante de marques pharmaceutiques (plusieurs milliers) a été déposé en France par des pharmaciens ou non. Ceci fait suite à la loi sur les marques parue en 1857 qui permettait de protéger un peu mieux ceux qui développaient des médicaments alors que les brevets de médicaments étaient encore interdits. Parmi ces marques, on peut constater des types de marques qui sont revenus très souvent dans cette longue liste : les vins pharmaceutiques et en particulier les vins de quinquina, d’une part, et l’eau de mélisse, d’autre part. Cette dernière a donné lieu très régulièrement à des dépôts de marque sur toute cette période avec le déploiement de beaucoup d’imagination pour trouver un nom de fantaisie différent des autres. Ce fut aussi le cas pour les vins de quinquina pour lesquelles les noms les plus divers et les plus farfelues furent déposés. Il y eu également de très nombreux dépôts de marques associées à des noms à consonance religieuse ou à des noms de médecins souvent inconnus. Mais on constate aussi des modes dans les dépôts de marques pharmaceutiques dont nous allons voir ici quelques exemples : A l’époque des apparitions de Lourdes, on voit fleurir des marques associées. De la même façon, la mode du vélo et le développement du sport individuel à la fin du XIXe siècle voit se développer des marques pour les médicaments destinés aux sportifs. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’électricité, la découverte de rayons X et des éléments radioactifs vont amenés à des dépôts de marques dans ces domaines associés à la physique. Enfin, le développement de nouveaux mode de transports comme la voiture automobile et l’avion vont aussi inciter à créer des marques associées.

C’est entre le jeudi 11 février et le 16 juillet 1858, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, que Bernadette Soubirous fut gratifiée de 18 apparitions mariales.

Cet évènement avait été précédé par les apparitions à La Salette en 1848. Les marques pharmaceutiques ont donc d’abord été déposées pour cet évènement de la Salette à partir de 1865 avec le « Thé vulnéraire des Montagnes de la Salette ».

Marque déposée : « Thé vulnéraire des montagnes de La Salette », avec ce dessin associé, en 1865.

De nombreuses autres marques associées à La Salette seront déposées par la suite: « Des Pères de la Salette » sera déposé en 1903 par Emmanuel David, chimiste à Grenoble. Un pharmacien de Grenoble, Jean Zuani, déposera en 1916 deux marques : « Extrait végétal dépuratif des Pères de la Salette » et « Pères de la Salette ».

Marque déposée : « Thé vulnéraire des montagnes de La Salette », avec ce dessin associé, en 1869

Les premières marques sur ND de Lourdes apparaissent en 1885 avec « l’eau de Mélisse de ND de Lourdes », marque déposée par un négociant en vin de Paris. Ce produit sera suivi par la marque intitulée  » effets miraculeux : eau de Lourdes anti-influenzatique ». Elle avait été prise par « la dame Virginie Mille », de Marseille en 1892. La marque « Eau de Mélisse de Notre Dame de Lourdes » sera quant à elle déposée en 1896 par le pharmacien de Tarbes, Henri Lupan. Il précise que la mélisse provient du Champ de Mélisse, en face de la Grotte.

Marque déposée « Eau de Mélisse de N-D de Lourdes », 1885
Marque « Eau de Mélisse Notre-Dame de Lourdes » (1896)
Marque « Eau de Lourdes Anti-Influenzatique » (1892)

Il y a eu de nombreuses autres marques associées à Notre-Dame de Lourdes. En 1899, le pharmacien Edmond Arsène Acard, installé à Paris, dépose deux marques : La « liqueur Hygiénique de Notre-Dame de Lourdes » et le » Couteau Hygiénique de Notre-Dame de Lourdes ». Quelques mois plus tard, un certain Emile Avinen, de Nimes, dépose en 1901 le « Vin lacryma aux larmes de Notre-Dame de Lourdes ». Par ailleurs, M. Carlos, propriétaire à Berck-plage dépose une série de marques en 1903 : le « Sirop Notre-Dame de Lourdes », « l’Elixir miraculeux de Notre-Dame de Lourdes », la « Poudre miraculeuse de Notre-Dame de Lourdes », la « liqueur miraculeuse de Notre-Dame de Lourdes » et la « lotion Notre-Dame de Lourdes ». En 1909, Henri Lagriffe de Paris dépose la marque Grains ND de Lourdes, anti-anémique Reconstituants, formule du Dr A. Chatenet.

Marque « Sirop Notre-Dame de Lourdes » (1903).
Marque « Vin Lacryma aux larmes de Notre Dame de Lourdes » (1901).

Plusieurs autres marques seront déposés associées à Lourdes : Eugène Capdebarthe, négociant à Tarbes, dépose « l’Eau de Mélisse des Pélerins de Notre-Dame de Lourdes » pour laquelle il indique qu’il s’agit d’une culture de Mélisse des Pyrénées, Champ de Massabielle. Enfin, Henri Blanc, de Paris, dépose en 1911 la marque « Notre Dame de Lourdes ».

Marque « Eau de Mélisse des Pélerins de Notre-Dame de Lourdes », 1900.
Marque « Eau de Mélisse Notre-Dame de Lourdes », 1896.

D’autres marques seront déposées en rapport avec Notre-Dame : On peut citer « l’emplâtre Notre Dame de la Garde » (1887), le « Vin de Santa Maria (Espagne) au quinquina et à l’écorce d’orange amère » (déposé par un négociant de Bordeaux, Jean Pagliani, en 1876), le « thé purgatif de Notre-Dame de Grâce » (déposé par le pharmacien Henri Demailly de Lille, en 1884), « l’eau de N-D du Salut », et « l’eau Notre-Dame », préparées dans les Ateliers de N-D du Salut à Bordeaux (déposé par Dubosq Lothé, négociant à Bordeaux, en 1893) ou encore les « pilules de Notre Dame de Lorette près Bellac » (déposé par le pharmacien Octave Marsaudon, de Bellac, en 1903).

On trouve également la marque « Notre-Dame des sept douleurs », prise par deux pharmaciens associés, Augustin Marie et Paul Rolland, d’Avignon (1903), le « Quinquina de la Vierge Noire », tonique, apéritif, reconstituant, déposé par Robert Dubosq « entrepositaire » de Gravelle-Sainte-Honorine (1907), et la marque « Notre Dame » déposée en 1915 par le pharmacien de Marseille Joseph Bedillon pour « sirops et pastilles ».

Marque « Thé Purgatif de Notre-Dame de Grâces » (1884)
Marque « Quinquina de la Vierge Noire » (1907)

On peut donc voir que les marques ont souvent fait appel à Notre Dame, en particulier à la fin du XIXe siècle. Les déposants étaient parfois pharmaciens. Nous avons en général peu d’informations sur ces pharmaciens sauf pour Edmond Arsène Acard (1848-1920), installé à Paris, 2 rue Neuve-Popincourt (11°) à l’époque du dépôt de la marque. Il avait été diplômé pharmacien en 1877.

Source des marques : INPI (libre de droits)

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